Gignac, buteur sous influence

Publié le 15 juillet 2009 par Philostrate
   Avez-vous remarqué combien, en période de transferts, "l'entourage" des joueurs de football professionnel prend soudain de l'importance ? Derrière ce vocable, décliné à longueur d'articles, une nébuleuse, où gravitent agents, famille et autres conseillers toujours bien intentionnés, cela va de soi… De braves gens en somme, prêts à faire le bonheur de nos bipèdes prodiges, parfois même malgré eux ! Prenez le brave André-Pierre Gignac, garçon plein de finesse, meilleur buteur du championnat de France 2009-2010 sous les couleurs du Toulouse football club. Un modèle de droiture, révélé à Lorient, puis transféré en 2007 au Téfécé, non sans avoir auparavant signé un pré-contrat avec Lille, sur lequel son "entourage", justement, l'avait alors invité à s'asseoir pour poser ses valises sur les bords de la Garonne plutôt que dans le Nord.
   C'était avant le succès de "Bienvenue chez les Ch'tis", on peut l'excuser… Son cas se complique cependant lorsque, après une première saison ratée dans le Sud-ouest, l'attaquant réussit enfin à faire parler la poudre en marquant 24 buts au cours du championnat 2009-2010. Son contrat prolongé jusqu'en 2012 et dûment revalorisé, le lascar ne tarit  alors plus d'éloges sur la douceur de vivre à Toulouse, la ferveur de ses supporters, la joie que lui procure la perspective de disputer l'Europa League avec l'équipe de la Ville Rose, etc. Seulement voilà… Quand le parrain lyonnais, Jean-Michel Aulas, déclare publiquement son intérêt pour un bestiau, pourtant loin d'être sur le marché, le ton change.
   Quand l'ogre de Fourvière entre dans la danse et qu'il se voit opposer une fin de non-recevoir par le président du Téfécé, le bison toulousain la joue d'abord cool. Il se déclare flatté de l'intérêt que lui porte le club lyonnais, souligne combien serait profitable à sa carrière d'évoluer dans le plus prestigieux des clubs français - les joueurs de Barcelone, Manchester United, l'AS Rome et du PSV Eindhoven en pissent dans leurs shorts…-, mais certifie qu'il continuera à brouter paisiblement l'herbe du Stadium, si Toulouse refuse de céder aux sirènes rhodaniennes. C'est là que son "entourage" souffle sur les braises et s'applique à lui mettre méthodiquement la tête à l'envers. Feignant d'ignorer le contrat en cours, ses conseillers charognards, rendus frénétiques par la perspective de gratter quelques liasses de biftons dans l'opération, font jouer les grandes orgues. "Comment ça mon garçon, en refusant de négocier Toulouse te manque de respect !", "C'est une chance unique pour toi de te faire éliminer en huitième de finale de la Ligue des Champion !", on en passe et des meilleurs. Résultat : le bonhomme sèche un entraînement du Téfécé et son "entourage" déclare son "jeune joueur très perturbé par ce qui lui arrive". Ben voyons, le coup du pompier pyromane, on n'y aurait pas pensé ! Bref, Gignac, en bon mercenaire du ballon rond pas trop finaud, est prêt à déclarer sa flamme immortelle à un quatrième club en deux ans, son "entourage" se pourlèche les babines à l'idée de récupérer un pourcentage du transfert et les contrats se révèlent une nouvelle fois tout juste bon à se torcher et faire monter les enchères. C'est ça, la magie du football professionnel !