Les bureaucrates et les syndicats gèrent les écoles

Publié le 15 juillet 2009 par Magazinenagg

Le monopole du système d'éducation est géré dans les moindres détails par les bureaucrates du ministère qui décident de tout. Leur première priorité consiste à mousser la popularité de la ministre Courchesne et du PLQ. En second lieu, ils interprètent et appliquent la convention collective en évitant autant que possible de froisser les centrales syndicales. Troisièmement, ils répondent aux demandes des autres groupes d'intérêt : les éditeurs de manuels scolaires, la fédération des commissions scolaires, etc.

Si ces priorités coïncident avec les besoins des enfants tant mieux, sinon tant pis.

Dans son texte, Richard Martineau dénonce cette situation pour le moins absurde.
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Le mille-pattes
Richard Martineau, Le Journal de Montréal, 15/07/2009

"La bureaucratie réalise la mort de toute action." -Albert Einstein

Nous vivons quand même dans un monde extraordinaire.

Prenez la nouvelle sur les commissions scolaires que mon confrère Sébastien Ménard a sortie, hier. Plus surréaliste que ça, tu meurs.

LA CONVENTION COLLECTIVE DÉCIDE

Au cours des trois dernières années, écrivait Sébastien Ménard, les commissions scolaires du Québec ont reçu 90 millions de dollars afin d'embaucher des professionnels pour venir en aide aux élèves en difficulté. Or, selon la Fédération québécoise des directions d'établissement d'enseignement, cette somme a été mal dépensée.

Au lieu de donner un montant X aux écoles et de leur permettre d'investir cet argent où bon leur semble (une école pourrait avoir besoin d'un orthophoniste alors qu'une autre école aurait besoin d'un orthopédagogue, par exemple), le ministère de l'Éducation dit aux directeurs d'écoles: "Voici ce que vous allez faire avec cet argent: vous allez embaucher tel et tel spécialiste et ouvrir tel et tel poste."

Ce ne sont pas les gens sur le terrain qui décident comment dépenser cet argent. C'est le Ministère tout en haut.

Et pourquoi? Parce qu'en 2005, le ministère de l'Éducation a signé une convention collective avec les enseignants, et que cette convention prévoit que les commissions scolaires embaucheront TANT d'orthopédagogues, TANT d'enseignants ressources, etc.
Au lieu de répondre aux besoins des élèves et des écoles, on répond aux demandes des syndicats! Pas mal, non?

LA CHUTE DES DOLLARS

C'est ce qu'on appelle la structuroïte aiguë.

Vous débloquez des millions de dollars, mais au lieu d'utiliser ces millions pour régler de vrais problèmes SUR LE TERRAIN, vous les utilisez pour flatter la structure dans le sens du poil.
Vous faites plaisir aux bureaucrates, aux syndicats, aux fonctionnaires, aux pousseux de crayons...

Parfois, j'ai l'impression que le Québec au grand complet souffre de cette étrange maladie. C'est toujours: "La structure d'abord, le citoyen ensuite."

Le Québec est comme un gros gratte-ciel. Le gouvernement est tout en haut, et le citoyen tout en bas.

Régulièrement, le gouvernement lance des liasses de billets par ses fenêtres. Les citoyens sortent alors de leurs maisons et regardent les billets tomber du ciel.

Les billets flottent tout doucement dans l'air. Ils passent devant l'étage des fonctionnaires, qui se servent. Ils passent devant l'étage des bureaucrates, qui se servent. Ils passent devant l'étage des corporations, qui se servent. Ils passent devant l'étage des syndicats, qui se servent.
Finalement, après que tout le monde se soit servi, il n'y a que deux ou trois malheureux billets qui tombent dans la poche des citoyens tout en bas, dans la rue...

DESSINE-MOI UN CHEVAL

Je ne blâme pas les syndicats de profs: après tout, comme m'a écrit un ami, si on t'offre un lingot d'or, tu seras bien fou de le refuser!

Non, moi, ce qui me sidère, c'est le gouvernement. Voulez- vous me dire pourquoi l'État a accordé un tel cadeau aux syndicats?

C'est l'État qui est censé décider où ira son argent, pas les syndicats!

C'est qui, le moron qui a décidé d'inclure une telle disposition dans la convention collective des profs?

Maudit qu'on l'a pas, au Québec!

Toujours en train de compliquer les choses, d'ajouter des structures inutiles, de multiplier les intervenants et les entremetteurs...

"Un chameau est un cheval dessiné par un comité", aimait à dire Churchill.

Eh bien, si c'était le Québec qui dessinait un cheval, l'animal ressemblerait à un mille-pattes...