Paris, le 15 juillet 2009 – Les autorités de l’état de l’Ontario (Canada) viennent de décider d’annuler leur programme de construction de nouveaux réacteurs. L’offre d’Areva a été notamment écartée. La raison invoquée par le Premier Ministre de l’Ontario : un prix beaucoup trop élevé. Les différentes offres ont par ailleurs été révélées par le journal canadien The Star : plus de 7 milliards d’euros par réacteur.
Greenpeace appelle tous les clients potentiels d’Areva et d’EDF, au Royaume-Uni, Inde, Etats-Unis ou Brésil, à suivre l’Ontario ou encore l’Afrique du Sud et certaines compagnies américaines, et à bien réfléchir à l’impasse économique que représente la construction d’un ou plusieurs EPR.
« La bonne nouvelle, c’est qu’auparavant, nous ne réalisions pas l’importance des coûts avant d’être engagés aux trois quarts dans un projet, a expliqué le Premier Ministre de l’Ontario, Dalton McGuinty au journal The Star. Cette fois, on a pris le temps de réfléchir au prix que ça va allait nous coûter si l’on prend tous les risques en compte… »
Selon le journal The Star, l’offre d’AECL est de 26 milliards de dollars canadiens et celle d’Areva de 23.6 milliards, environ 14 milliards d’euros, pour deux réacteurs.
« A 7 milliards d’euros par réacteur, il est clair que l’EPR est un non-sens économique doublé d’un cauchemar technique, commente Yannick Rousselet, chargé de la campagne nucléaire de Greenpeace France. Le calendrier de construction de l’EPR en Finlande est là pour nous le démontrer ! C’est le moment pour certains pays de faire les bons choix en abandonnant les programmes de construction d’EPR et en engageant cet argent dans une politique ambitieuse d’efficacité énergétique et de développement des renouvelables. »
Lors de la première offre faite à la Finlande en 2002, Areva proposait le réacteur EPR à 2,5 milliards d’euros… De mois en mois, d’année en année, le prix s’est envolé. Aujourd’hui, nul ne sait aujourd’hui jusqu’oùira cette inflation et combien coûte vraiment un réacteur EPR.
Le coût de la construction du site finlandais d’Olkiluoto, après trois ans de retard et d’innombrables problèmes techniques, a déjà dépassé 5 milliards d’euros. Le même réacteur est maintenant proposé au prix de 7,35 milliards par unité, faisant ainsi grimper le prix du Kw à 4,587 euros. « On est vraiment très loin du 1,6 euro/kw qui avait été utilisé pour les projections officielles et mis en avant pour justifier la soi-disant renaissance du nucléaire, commente Yannick Rousselet. Cette évolution des coûts et des délais, ainsi que les risques induits et les stocks considérables de déchets radioactifs font du nucléaire l’énergie coûteuse par excellence, tant pour le contribuable d’aujourd’hui que pour les générations futures auxquelles nous laissons une dette ingérable. »