Les oeuvres contemporaines réalisées en matières cousues, tissées, comme c'est le cas ici avec du sisal et du chanvre, ont la faculté de nous toucher dans notre intimité, au plus près du corps humain.
C'est lors d'une visite à l'exposition elles@centrepompidou, que j'ai découvert cette oeuvre de Magdalena Abakanowicz.
Elle m'a interpellée par rapport à une lecture récente sur les immenses maisons des hommes qui peuplaient, au début du siècle, le Golfe de Papouasie (sud de la Nouvelle-Guinée). La maison cérémonielle était « un ventre, une carcasse, un corps pouvant contenir quelque chose d'une manière toute maternelle, quoique dans une tonalité inquiétante et agressive » (Stéphane Breton, 2006).
Les jeunes initiés y étaient dévorés mais aussi procréés par ce ventre à la fois contenant utérin mais totalement masculin, réalisé par les hommes afin de « produire » des hommes.
Alors, la photographie montrant l'installation des Abakans, en Suède, en 1970, par Magdalena Abakanowicz prenait un sens tout proche de ces préoccupations lointaines des initiations de Papouasie.
Toutes les réflexions sur le corps, sur son enveloppe, sur la question du « gender » ont des résonances universelles.
La vidéo réalisée en 1982 sur le travail de Magdalena Abakanowicz apporte encore un nouvel éclairage sur ces questions sur le corps, sur ce qu'est l'homme.
Photo 1 : Magdalena Abakanowicz, Abakan grand noir, 1967-1968, © MNAM.
Photo 2 : Maison des hommes, delta de la Purari, Golfe de Papouasie, photographie de Frank Hurley, début des années 1920, in Qu'est-ce qu'un corps ?, 2006, dir. Stéphane Breton, Ed. Flammarion, Musée du Quai Branly.
Photo 3 : Monstres de vannerie kaiaimunu au fond de la maison de hommes, Golfe de Papouasie, photographie de Frank Hurley, 1922, in Qu'est-ce qu'un corps ?, 2006, dir. Stéphane Breton, Ed. Flammarion, Musée du Quai Branly.
Photo 4 : Installation of Abakans, Sodertalle, Sweden, 1970, site de Magdalena Abakanowicz