Mais si je vous racontais, il y aurait une petite possibilité pour que je passe pour une fille bizarre. (Comment ça, je le suis déjà?) Mais non. Je suis une fille nor-ma-le. Si. (C'est pas parce qu'un petit oiseau se tient sur le rebord extérieur de la fenêtre, qu'il regarde à l'intérieur en sautillant, en frappant de son bec contre la vitre comme s'il voulait me faire comprendre quelque chose (parce que moi j'y vois un signe, pas vous?), et ce, depuis huit jours que... que...)
Bref.
J'ai beaucoup aimé Passé Parfait. Pas un coup de coeur, parce que parfois l'on s'y perd dans les souvenirs du Conde et je tiens beaucoup à la fluidité(!) d'un récit (quand il faut revenir à la page précédente pour relire parce qu'on est embrouillé, ça gâche un peu l'effet), mais c'est un petit bémol. Je tiens là, avec Mario Conde, un personnage que je veux suivre encore (au moins l'intégral de la tétralogie). Même s'il est nostalgique. Même si c'est un policier triste. Désabusé. Même s'il a beaucoup de préjugés. Même si parfois, il a une gueule franchement antipathique. Je m'y suis attachée. (Ça doit être son côté vulnérable. J'aime les hommes vulnérables.) Ou alors, c'est parce qu'il aime les Beatles? Ou qu'il rêve d'écrire un roman d'amour et d'abjection?
On le rencontre un matin, début janvier 1989. Gueule de bois. Le téléphone ne veut pas s'arrêter de sonner. S'il répond, c'est plus pour le faire cesser. Mais le Vieux, le major Rangel, ne s'arrêtera pas. Il a besoin du lieutenant pour résoudre une affaire de disparition. Au diable les jours de repos mérités, ce sera pour plus tard. Et voilà que le Conde se retrouve chargé de retrouver Rafael Morín, directeur d'une grande entreprise. Ce même Rafael qu'il a connu au lycée, à qui tout réussissait, celui-là même qui a épousé la belle Tamara, le grand amour de Mario Conde. Ce seul nom le plonge dans une nostalgie douloureuse. Peut-être n'est-il pas celui qu'il faut pour cette enquête, il est trop impliqué personnellement. Il a trop de préjugés. Mais le Vieux n'a pas l'intention de la lui retirer, que le Conde se débrouille et vite.
L'intrigue est assez secondaire. C'est plutôt le prétexte pour se plonger dans les souvenirs. Pour nous offrir un portrait de Cuba. Celui lumineux du passé, qui est définitivement derrière, qu'on ne retrouvera plus. Et celui froid de la lucidité de l'hiver présent, avec ses rasades de rhum pour tenter de récupérer un peu de la chaleur passive des belles années et d'envisager celle du printemps à venir. 4/5
Et oui, oui, j'ai pensé à (---). N'a-t-il pas dit lui-même que Padura est un peu son alter ego?