Pour la cinquième année consécutive, la série culte de J. J. Abrams revient sur le petit écran pour dérouler ses mystères. Après le virage salvateur de la saison 4, qui démarrait sur les chapeaux de roues pour ne plus lâcher le spectateur jusqu’à ses hallucinantes toutes dernières minutes, l’attente était grande. La saison 5 allait-elle continuer au même rythme infernal, alternant révélations chocs et retournements de situation culottés, ou allait-elle au contraire ralentir pour préparer calmement la dernière ligne droite du show ?
La reponse est bien évidemment la première solution, la saison s’ouvrant sur un épisode d’une efficacité redoutable présentant les conséquences de la décision radicale prise par Ben à la fin de la saison précédente. L’occasion de lâcher une première bombe dans l’esprit du spectateur qui espérait encore avoir une explication totalement rationnelle aux événements de la série, puisque ce premier épisode plonge définitivement dans le domaine du fantastique et de la science-fiction. Oui, Ben a bien déplacé l’ile avec son mécanisme infernal, mais ce n’est pas tout, puisque l’ile (et ses habitants) ne se déplace pas seulement dans l’espace, mais aussi dans le temps ! Le voyage dans le temps sera donc l’un des thèmes principaux de la saison, puisque les personnages seront éparpilles à différentes époques (voire feront des sauts dans le temps pour ceux restés sur l’ile). Un retournement culotté mais amené de façon tellement claire et logique qu’on ne peut qu’y adhérer. D’autant que ces bonds temporels permettent aux scénaristes de commencer à donner de nombreuses réponses à certains mystères du show, notamment sur les motivations de Charles Widmore, sur l’existence réelle de Jacob, sur la mystérieuse statue à 4 doigts de pieds, ou sur les circonstances de la mort de Locke.
L’autre gros défi de la saison, c’est que la plupart des personnages principaux sont éparpillés dans des lieux voire des époques différentes. Les Oceanic Six sont à notre époque mais pas au même endroit (même s’ils finissent par être rassemblés à Los Angeles), Sawyer, Juliet, Miles, Charlotte et Faraday effectuent des sauts dans le temps sur l’ile, de même que Locke, mais à un endroit différent, Jin a miraculeusement survécu et se retrouve lui aussi obligé de passer d’époques en époques… Et les cartes sont redistribuées à la mi saison, après le retour des Oceanic Six sur l’ile, puisqu’une partie du casting se retrouve coincée dans les années 70 au temps de la Dharma Initiative, alors que le reste a bien atterri à notre époque. Bref, un gros imbroglio qui aurait vite pu devenir incompréhensible et indigeste sans la rigueur et la maitrise dont font preuve les scénaristes. Car au final, le spectateur n’est jamais perdu et le tout est d’une fluidité exemplaire malgré un rythme infernal.
Si l’intellect est donc satisfait, les scénaristes n’en oublient pas pour autant le côté émotionnel et philosophique. Les personnages se retrouvent donc confrontés une fois de plus à des dilemmes cornéliens, comme la possibilité de changer l’avenir quitte à commettre un acte odieux (épisode 10, He’s our you) ou à risquer de détruire l’ile (épisodes 16 et 17, The Incident). Une fois de plus, les scénaristes démontrent leur capacité à créer des personnages forts et attachants, comme le scientifique Daniel Faraday, donc l’histoire connaitra un dénouement des plus émouvants, ou encore Miles, dont l’agressivité cache en fait un jeune homme perdu en manque d’affection paternelle. De même, les personnages réguliers auront tous leurs moments émotionnels, le plus touchant restant la relation Juliet-Sawyer qui se transformera en déchirante histoire d’amour impossible au retour de Kate. Cette saison apportera même un éclairage différent sur le personnage de Ben qui, bien qu’étant toujours foncièrement détestable, acquiert une humanité insoupçonnée (ce qui le poussera à commettre un nouvel acte irréparable en fin de saison).
Et comme d’habitude, la saison se terminera en apothéose sur de multiples cliffhangers savamment orchestrés et tout à fait insoutenables, qui donneront une fois de plus furieusement envie de connaitre la suite (et fin). Rendez-vous est donc pris pour l’an prochain pour les ultimes épisodes de ce qui restera une des séries majeures des années 2000.
Note : 9/10