Orelsan, un rappeur jusqu’ici peu connu du commun des mortels, se voit offrir une publicité inattendue. Le titre de sa chanson, « Sale pute », en choque plus d’un dans la France profonde. Ségolène Royal, la madone du Poitou qui ne perd pas une occasion pour monter au créneau, se veut cette fois la porte-parole des associations féministes. Et elle est folle de rage. L’ancienne candidate à l’élection présidentielle, soulagée par la déprogrammation de l’artiste aux Francofolies de La Rochelle, fait ainsi écho aux Chiennes de Garde et à Christine Albanel pour dénoncer les excès misogynes du morceau d’Orelsan.
Plus récemment, voilà que sort du bois le nouveau ministre de la Culture Frédéric Mitterrand. Interrogé par RTL, le locataire de la rue de Valois prend la défense du bad boy. « Il s’exprime par dépit amoureux, et je le comprend même si ses termes ne sont pas les miens » plaide le ministre, rappelant que le rappeur a le droit de s’exprimer comme il l’entend. Il ajoute que « ses paroles n’ont rien de choquant, et Rimbaud a écrit des choses bien plus violentes qui sont devenues des classiques ». L’ancien directeur de Villa Médicis rejoint sur ce point de nombreuses personnalités de l’UMP et un de ses prédécesseurs, Jack Lang, qui estime en outre qu’Orelsan est victime d’une censure morale.
Dans cette affaire, Frédéric Mitterrand aura finalement prononcé les
paroles les plus censées, en déclarant que le remue-ménage autour d’Orelsan
constitue « beaucoup d’agitation pour rien ». Prenons l’exemple des
Etats-Unis, où les différentes formes d’expression artistique jouissent d’un
niveau de liberté que la France peine à atteindre : les paroles des
rappeurs y sont parfois tellement « trash » et directes que les
rappeurs français donnent à côté une image de sainte nitouche. Pourquoi ne pas laisser le hip hop s’épanouir librement en France ? Il est concevable que des paroles de chansons puissent déranger certaines personnes, mais celles-ci n’ont qu’à tourner le bouton.
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