C'est en 1983 qu'elle fut nommée responsable de la médiation entre le gouvernement et le groupe de guérilleros M-19, acteur principal de la rébellion. Suite à la publication d'un compte-rendu sur ses activités durant cette période, elle reçut des lettres de menaces et fut contrainte de partir pour le Mexique en 1986. Impossible de revenir avant que le M-19 ne soit mis hors d'état de nuire.
Un continent pris dans une histoire à écrire
Prix France Culture en 1998 pour La douce compagnie (Payot et Rivages), récompensant le meilleur roman étranger publié en France, elle garde aujourd'hui un regard objectif sur l'ensemble de l'Amérique latine. Tout à la fois empêtré dans « d'énormes problèmes », le continent a aussi « le privilège d'appartenir à l'histoire, celle qui se construit ».
Durant la Foire du livre de Semana Negra, qui se déroulait en Espagne, elle a pris la parole pour une intervention sereine. « Nous avons l'obligation, mais aussi l'euphorie de prendre part à cette histoire, dans un continent où les différences sociales sont brutales, mais qui sait aussi que son futur est encore à venir. Le passé doit être encore raconté et le présent reste à conquérir. »
Son dernier livre, Demasiados Heroes, elle raconte le retour d'une mère en Argentine, avec un fils en recherche de son père, disparu durant la dictature miliaire de 1980. Une histoire qu'elle a voulu humaine, et qui fait converger ce passé à raconter et ce futur en devenir. Et si elle voit aujourd'hui « trop de héros » (NdR : traduction peu ou prou du nom de l'ouvrage...), c'est que ce concept repose sur quelque chose de religieux, « qui tend à nous aveugler », rapporte Reuters. Pour elle, « nous vivons à une époque qui ne permet pas une réponse biblique, trop éloignée de la réalité ».