France-Culture offre des moments rares et précieux aux festivaliers. Dans la magique cour du musée Calvet, des lectures sont organisée. Wadji Mouawad a été naturellement sollicité pour être un auteur lu dans ce lieu. L’amitié qui le lie à Jane Birkin (née de l’admiration qu’elle a su lui exprimer pour son oeuvre au fil des années) lui a fait souhaiter écrire pour elle. Son propos obsédant étant la guerre, il a écrit La sentinelle, la deuxième partie de la lecture d’hier soir.
Parlons d’abord de la première partie, uniquement masculine avec les acteurs Jérôme Kircher, Hugues Quester, Bruno Blairet et le musicien Francis Jacob, est un assemblage de discours guerriers-paroles guerrières d’Agamenon à George W. Bush comme l’avait dit W. Mouawad au micro d’Arnaud Laporte.
Parfois drôles par leur cynisme, parfois poignants à la limite du supportable (comme par exemple un texte d’Henri Dunant sur une amputation lors de la bataille de Solférino), ces textes montrent la constance de la présence de la guerre dans l’histoire de l’humanité avec les mêmes causes et mêmes effets, même si les moyens sont différents (de la lance à la bombe atomique). Francis Jacob, sur un rythme léger, par dérision, chante de temps en temps un extrait du Chant du départ : un Français doit vivre pour elle… pour elle, un Français doit mourir. Les paroles sont là. En ce 14 juillet, elles revêtent pour moi un sens particulier, moi qui me demande toujours pourquoi l’on célèbre une révolution par un défilé militaire, pourquoi les militaires sont, ce jour-là, le symbole de la République.
Pour la deuxième partie, Jane Birkin est seule en scène. Elle lit le texte écrit pour elle : La Sentinelle. Elle est vigie sur un bateau qui erre sur le globe après une catastrophe due à une guerre. Sa voix est à la fois fragile et forte de la révolte qui l’habite. La parole guerrière dans la bouche d’une femme n’est plus la même, elle est dans l’humain, la chair. La parole de mort devient la parole de vie.
Ce soir à 20h, une deuxième édition de cette lecture aura lieu au musée Calvet et sera retransmise sur France-Culture en direct.