On se souvient de l'affaire qui a commencé en dévrier 2009 : Le fisc américain - l'Internal Revenue Service, IRS -, avait intimé à la banque suisse UBS, première banque privée au monde, et un des piliers de l'économie de la Confédération, de lui livrer le nom de 52 000 clients américains soupçonnés d'évasion fiscale. La banque ayant refusé, le Département de la Justice américain avait alors menacé la banque de la poursuivre en justice, après s'est vu infliger une amende de 780 millions de dollars américains. Je vous invite à aller voir le blog de Georges Ugueux pour son point de vue - assez éclairant - de l'affaire. La première audience était fixé au lundi 13 juillet. Ce qui est intéressant, c'est que les deux parties sont entrées depuis mars en phase de négociation intense, et elles ont d'un commun accord demandé au juge Alan S. Gold de la cour fédérale de district de Miami de la renvoyer au 3 août. Que s'est-il passé, alors que les Etats-Unis paraissent déterminés à obtenir cette liste ? Tout simplement, Berne s'en est mêlé. Les autorités fédérales ont tout simplement interdit la banque de divulguer les informations demandées par Washington, invoquant la non-ingérence dans des affaires nationles. De financier et judiciaire, les discussions sont passées au niveau diplomatique. Je souhaite revenir sur ce point : on mesure là combien la crise révèle des comportements finalement permanents chez les Etats dès lors que l'on touche à un fondement de leur puissance. Car toucher à la confidentialité des transactions bancaires en Suisse revient à porter atteinte à la puissance de l'Etat helvétique. Cet Etat a depuis longtemps décidé de développer ses relations internationales en usant de "soft power" avant l'heure : la neutralité diplomatique - et les conséquences politiques et diplomatiques qui en découlent -, sa réputation "bienveillante" (portée par la Croix Rouge), sa puissance bancaire, pour ne citer que les plus importantes. Otons à la Suisse sa puissance bancaire, et son influence dans le monde est considérablement réduite. Tout un pan de l'industrie et de l'économie suisses repose sur cette puissance. D'une certaine manière, porter atteinte à cette puissance, c'est remettre en cause la place de la Suisse dans un concert des nations mondialisé, voire spécialisé. C'est, dans une certaine mesure, remettre en cause, du moins symboliquement, son existence. La crise a beau porter atteinte à la puissance industrielle, économique, de pays entiers, il n'en demeure pas moins que les Etats veillent au grain. Ou devraient. Je constate que, alors que certains développent des stratégies plutôt protectionnistes, d'autres peinent à prendre en compte un intérêt "commun", comme par exemple, une posture commune vis à vis de concurrents étrangers. Par exemple, je peine à imaginer Paris réagissant de la même manière que Berne si BNP Paribas devait se voir obliger à livrer les noms de ses clients. Ne faisons pas de politique fiction : il est vrai que la BNP s'est offerte Dexia... Matthieu
On se souvient de l'affaire qui a commencé en dévrier 2009 : Le fisc américain - l'Internal Revenue Service, IRS -, avait intimé à la banque suisse UBS, première banque privée au monde, et un des piliers de l'économie de la Confédération, de lui livrer le nom de 52 000 clients américains soupçonnés d'évasion fiscale. La banque ayant refusé, le Département de la Justice américain avait alors menacé la banque de la poursuivre en justice, après s'est vu infliger une amende de 780 millions de dollars américains. Je vous invite à aller voir le blog de Georges Ugueux pour son point de vue - assez éclairant - de l'affaire. La première audience était fixé au lundi 13 juillet. Ce qui est intéressant, c'est que les deux parties sont entrées depuis mars en phase de négociation intense, et elles ont d'un commun accord demandé au juge Alan S. Gold de la cour fédérale de district de Miami de la renvoyer au 3 août. Que s'est-il passé, alors que les Etats-Unis paraissent déterminés à obtenir cette liste ? Tout simplement, Berne s'en est mêlé. Les autorités fédérales ont tout simplement interdit la banque de divulguer les informations demandées par Washington, invoquant la non-ingérence dans des affaires nationles. De financier et judiciaire, les discussions sont passées au niveau diplomatique. Je souhaite revenir sur ce point : on mesure là combien la crise révèle des comportements finalement permanents chez les Etats dès lors que l'on touche à un fondement de leur puissance. Car toucher à la confidentialité des transactions bancaires en Suisse revient à porter atteinte à la puissance de l'Etat helvétique. Cet Etat a depuis longtemps décidé de développer ses relations internationales en usant de "soft power" avant l'heure : la neutralité diplomatique - et les conséquences politiques et diplomatiques qui en découlent -, sa réputation "bienveillante" (portée par la Croix Rouge), sa puissance bancaire, pour ne citer que les plus importantes. Otons à la Suisse sa puissance bancaire, et son influence dans le monde est considérablement réduite. Tout un pan de l'industrie et de l'économie suisses repose sur cette puissance. D'une certaine manière, porter atteinte à cette puissance, c'est remettre en cause la place de la Suisse dans un concert des nations mondialisé, voire spécialisé. C'est, dans une certaine mesure, remettre en cause, du moins symboliquement, son existence. La crise a beau porter atteinte à la puissance industrielle, économique, de pays entiers, il n'en demeure pas moins que les Etats veillent au grain. Ou devraient. Je constate que, alors que certains développent des stratégies plutôt protectionnistes, d'autres peinent à prendre en compte un intérêt "commun", comme par exemple, une posture commune vis à vis de concurrents étrangers. Par exemple, je peine à imaginer Paris réagissant de la même manière que Berne si BNP Paribas devait se voir obliger à livrer les noms de ses clients. Ne faisons pas de politique fiction : il est vrai que la BNP s'est offerte Dexia... Matthieu