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Débarqué au tout début des années 2000 avec un garage rock minimal relativement comparable à celui des White Stripes, le groupe Gossip a rajouté des basses et des beats dansants sur certains des titres de son troisième album, STANDING IN THE WAY OF CONTROL (2007), et conséquemment, un peu à la surprise générale il faut bien le dire, décroché la méga-timbale, en Angleterre notamment. Suite à ce carton, Beth Ditto, la pasionaria king size du groupe, active militante lesbienne, est devenue une sorte d’icône bobo, posant pour divers shoots de mode et se retrouvant même à poil en couverture d’un célèbre magazine anglais. Pourquoi pas. Toujours est-il qu’après un tel succès, il était peu probable que Gossip retourne à ses premières amours garage rock. Et effectivement, ce MUSIC FOR MEN qui sort aujourd’hui sous une pochette très « Smiths », est un album tout entier et sans fausse honte taillé pour les dancefloors.
L’album s’ouvre avec un “Dimestore Diamond” obsédant et répétitif, parfaite entrée en matière, avant d’enchaîner avec le single de l’album, le redoutablement accrocheur “Heavy Cross” (encore bien plus imparable que “Standing In The Way Of Control”). Malgré ses paroles vaguement débiles (« Na na na na men in love / na na na na men in love with each other »), le super pop “Men In Love” avec ses « Shame Shame Shame » qui rappellent un célébrissime classique d’Aretha Franklin pourrait devenir un second single tout aussi incontournable. Derrière ces deux titres leaders, ce ne sont que sonorités 80’s (“Four Letter Word”), rythmiques électroniques (“Pop Goes the World”), grosses basses en avant (“For Keeps”) et refrains ultra pop (“Love Long Distance”, “Vertical Rythm”). Finalement, seuls “8th Wonder” et “Spare Me From The Mold” permettent de retrouver Gossip en mode « rock énervé ».
Même si ce n’était en fin de compte pas si évident que cela avec l’album précédent, tout le monde a finalement bien fait de parier sur ce groupe. C’est en effet vraiment avec ce quatrième album qu’il parvient enfin à déployer totalement son talent sur la longueur d’un album entier (même les chansons à la base un peu plus faibles comme “2012″ passent la rampe après plusieurs écoutes). Tous les morceaux sont d’évidence plus écrits, plus aboutis que jamais. Le disque est également beaucoup plus mélodique que les précédents. Beth Ditto elle-même chante désormais plus souvent qu’elle ne hurle, ce qui n’est pas plus mal. Un très bon disque donc, lui aussi parfaitement taillé pour l’été. Seuls les amateurs du Gossip ancienne version et de rock pur et dur se seront totalement floués…