Toujours est-il que le site blogging vidéo (vlogging ou micro-vlogging comme il vous siéra) du frenchy serial entrepreneur a du plomb dans l'aile.
Le concept n'était pas mauvais en soi : tout le monde s'accorde à dire qu'une conversation vidéo s'avère plus conviviale qu'un chat ou qu'un coup de téléphone. L'idée était alors de lancer des discussions planétaires en vidéo-conférence en "presque temps réel" (oui, c'est un concept que je viens d'inventer à la minute !).
Joli site, en bêta publique pour permettre à tout un chacun d'y aller de ses tests et de faire remonter son ressenti, pas de marketing, Loïc s'en charge en personne, assurant même le S.A.V. via Facebook, son blog, Skype ou Twitter. Les early adopters et les fidèles de Monsieur Le Meur s'emparent de Seesmic et crient au génie !
L'aventure aurait pu poursuivre son ascension si le trublion Twitter n'avait pris un envol remarquable. Pas né d'hier, le service de micro-blogging a réellement décollé fin 2008, suffisamment pour inquiéter un Facebook à la réussite insolente. Pourtant qui aurait pu penser qu'un service permettant d'envoyer des messages de seulement 140 caractères à d'illustres inconnus (la terre entière, certes !) connaîtrait un pareil succès. Ce qui est tout sauf une révolution technologique n'a - pas plus que Facebook - pas encore la capacité de générer des revenus. Twitter est-il un nouveau réseau social ?
Qu'est-ce qui fait sa force ?
C'est tout simplement la valeur d'usage. C'est la manière dont les utilisateurs - tout du moins tous ceux qui seront allés au delà de la question "A quoi ça sert ?" - se sont approprié le service d'une simplicité déconcertante et que ses concepteurs ont eu l'intelligence d'ouvrir à tous les développeurs qui le souhaitaient.
Le rapport avec Seesmic ? Et bien nous y voilà : le gros avantage du texte sur la vidéo c'est que, outre la capacité d'être stocké, archivé, il peut être disséqué, et surtout Googlisable (tiens, encore un terme qui va bien !). Alors, même à grands renforts de tags pour accompagner les vidéos, je ne vois pas comment Seesmic aurait pu lutter.
Autre avantage de Twitter sur Seesmic c'est la gestion du temps réel. C'est là aussi une des données fondamentales de l'Internet de demain. Twitter est un service instantané là où Seesmic fait du half-duplex en différé.
Il fallait se rendre à l'évidence : le modèle de Seesmic tout convivial et intuitif qu'il peut être était à revoir.
Le raton laveur a donc entrepris un virage vers le temps réel en devenant une sorte d'agrégateur évolué pour Twitter et Facebook. La vidéo est devenue accessoire, reléguée au rang de sous-domaine (video.seesmic.com).
Seesmic Desktop s'avère être donc un client Twitter plutôt agréable même s'il lui manque quelques fonctionnalités que revendiquent ses concurrents notamment dans la gestion des twitterers.
Quant à Seesmic Web, ce n'est qu'une déclinaison de l'application Desktop à utiliser avec votre navigateur préféré.
Alors peut-on parler d'échec ?
Ce n'est en tous les cas pas une réussite.
Mais qui peut aujourd'hui se targuer d'avoir réussi avec la vidéo ? MSN mais qui a su l'intégrer dans de la visio-conférence en temps réel et parcque l'outil bénéficiait déjà d'une communauté colossale d'utilisateurs.
Même Apple s'y est cassé le nez avec iChat qui est pourtant une solution techniquement plus aboutie et particulièrement "user friendly". Dans un autre registre, YouTube ou DailyMotion jouent la carte du "réseau social" autour de la vidéo mais avec un modèle de broadcast : je produis ou je sélectionne une vidéo que j'aime et je la diffuse en espérant qu'elle sera vue par le plus grand nombre.
Nul doute que le prolifique Loïc Le Meur saura rebondir face à ce recadrage et je ne crois pas qu'il ait dit son dernier mot. Me ferait-il mentir ?