Avant de pouvoir revenir, enfin, à la rédaction d'articles dignes de ce nom - le dernier datant du 30 juin -, et tant que j'en suis au chapitre plutôt réjouissant des commémorations, voici un nouvel anniversaire à célébrer : cela fait un an que je suis installé à Paris. Il se trouve que cet anniversaire coïncide très précisément avec celui de la Fête de la Fédération de 1790, en la mémoire de laquelle a été instituée la Fête nationale. Je ne voue pas à cette dernière un culte particulier, non plus qu'au drapeau tricolore et à la Marseillaise. Je n'ai pas besoin d'un bout de tissu ni d'un chant militaire pour être fier d'être français : la langue française y suffit largement. Je suis d'ailleurs toujours méfiant devant ce patriotisme du drapeau, que l'on retrouve dans des pays dont l'identité nationale est faible : pays scandinaves anglicisés, Suisse, Canada, etc. Quand l'on tient trop aux symboles, c'est qu'ils ne recouvrent rien.
Comme Georges Brassens, « le jour du Quatorze-Juillet, je reste dans mon lit douillet », plutôt qu'à admirer le défilé des Champs-Élysées.
Néanmoins, et pour couper court à tout malentendu, je reste scandalisé par les sifflets qui accompagnent la Marseillaise lorsque l'équipe de France est opposée à l'un ou l'autre de ses anciens protectorats du Maghreb, ou par le consternant spectacle de ces risibles « petits Blancs » de l'extrême-gauche brûlant le drapeau tricolore. Ne nous y trompons pas : ce n'est pas la République, ou du moins pas seulement elle, qui est visée par ces lazzis, ces crachats et ces charivaris : c'est la France, et la France en tant que pays occidental, de civilisation gréco-romaine et de tradition judéo-chrétienne, en tant que démocratie libérale régie par l'État de droit. J'aimerais que mes amis libertariens et autres anarcho-capitalistes ne se trompent pas d'ennemi, lorsqu'ils croient bon d'afficher leur anti-patriotisme sans voir aux côtés de qui ils le font.