Dieu seul sait pourquoi, j’avais complètement omis l’an passé de vous parler de ce passionnant duo originaire de San Francisco alors que Visiter son deuxième opus après un anecdotique Beware Of The Maniacs en 2006 m’avait occupé les oreilles quelques paires d’heures. A ne pas confondre avec les plus sages Toulousains The Dodoz avec un Z comme Zorro, le binôme formé par le chanteur guitariste touche-à-tout Meric Long et le percussionniste de haute précision Logan Kroeber fait partie de ces formations folk-freaks qui expérimentent. En positionnant dans une complicité maîtrisée les percussions acoustiques sur un même pied d’égalité que les fingerpickings de guitare, les deux drôles d’animaux atteignent assez vite une sorte de transe afro-folk extrêmement riche et mélodique. C’était évident sur Visiter, ça l’est peut-être encore plus sur Time To Die. Retour en deux actes sur l’élaboration de ce prototype pop-folk déjà cher à Islands, Yeasayer, et bien entendu Animal Collective.
Sur "Joe’s Waltz" il ne faut pas aller chercher bien loin pour retrouver la filiation Animal Collective. On y trouve des moments abstraits et primitifs, mais aussi des moments de fulgurance électrique (à 4’40"). Un peu plus tard il ne faut pas s’étonner si l’on trouve mandoline (un "Winter" d’anthologie), glockenspiel, toy piano, basse fuzzy ou encore harmonies féminines. Economie de moyens Ok, mais à aucun moment on ne fait l’impasse sur les idées mélodiques. Il y a définitivement peu de ratés sur ce disque qui emprunte autant à Akron/Family ("Jodi") qu’à Sufjan Stevens ("The season") en passant par les séminaux Magnetic Fields (l’énorme "Paint the rust"). Un coup de maître !
C’est flagrant sur "Longform", tant dans la voix que sur les arrangements luxuriants. Egalement sur "Fables" au doux refrain destructeur. Si les titres sont toujours aussi longs (entre 4 et 6 minutes en moyenne), ils sont en revanche bien moins nombreux (9 contre 14 sur Visiter). Manque d’inspiration ou volonté de revenir à un format d’album plus court et plus direct ? Pour ma part je n’ai aucun doute, spécialement à l’écoute de "Two medicines" l’un des sommets de ce nouveau disque, à la fois carillonnant, créatif et maîtrisé, et mené à une cadence des plus entraînante. Peut-être peut-on seulement être déçu par une fin d’album un peu sage, et un certain polissage de l’ensemble sonnant beaucoup moins fanfare chamanique qu’avant, sans doute le prix à payer sur le chemin de la professionnalisation.
En bref : en provenance de San Francisco, deux puis trois drôles d’oiseaux encore en plein apprentissage de leurs moyens livrent en seulement deux ans deux albums de proto folk denses et excitants dont on attend le successeur (disons en 2010 ?) avec impatience. A découvrir d’urgence si vous appréciez les noms cités plus haut.
Le site officiel, le Myspace et Visiter en streaming
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Le monumental "Fools" issu de Visiter et "Acorn factory" issu de Time To Die :