Cette affaire, c'est la suite du procès dit du "gang des barbares" qui a torturé et tué Ilan Halimi. En l'espèce Michèle Alliot-Marie, nouvelle garde des sceaux, a réclamé un nouveau procès pour les complices de Fofana dont les peines finales sont inférieures aux réquisitions. Traduisez, la Ministre n'est pas satisfaite du travail de la Justice, elle demande de rebattre les cartes. C'est une décision proprement scandaleuse, injuste, profonde, irrespectueuse de nos principes républicains de séparation des pouvoirs. Je peux difficilement cacher mon dégoût vis-à-vis d'une telle prise de position.
Cette affaire, c'est la traduction dans les faits et, plus grave, dans les actes politiques, du principe général de "avantage à la victime" qui oriente la politique de Nicolas Sarkozy depuis son arrivée à l'Elysée. Qu'il s'agisse de Justice, de droit, de répression ou d'Histoire, il ne s'est jamais écarté d'un centimètre de ce principe. Pour certain visiblement, cet état de fait est positif, pour moi en revanche, il est destructeur puisqu'il entraîne le politique, et désormais la Justice dans le tunnel destructeur de l'émotion, de la compassion et du désir de vengeance. Or, nous le savons tous, la vengeance ne sera jamais la meilleure des Justices. Dans son billet, Luc rappelle en guise de conclusion que "La sagesse d'un politique est de voir au-delà, de peser les conséquences, d'un point de vue politique [...] de la fin de la séparation des pouvoirs"
La séparation des pouvoirs est une chose, l'introduction dans la Justice de la notion de vengeance en est une autre. Les deux aspects sont profonds, graves, en un mot, inquiétant.