Témoignage d'André Frossard
Une amitié tout d'abord, puis une affection profonde m'avaient lié avec André Frossard et son épouse, au point qu'il m'avait « adopté » comme neveu, et m'avait même présenté au Pape Jean Paul II en disant : « Je vous présente mon très cher neveu ». A chacun de ses nombreux voyages à Rome pour rencontrer et travailler avec le Saint-Père, il aimait (ils aimaient) venir se reposer chez moi. Et, très souvent, nous avons parlé de sa conversion après qu'il ait vu cette Lumière venue du Ciel. Ce n'était pas une discussion banale, pour lui faire raconter : en réponse à mes questions, il me faisait part de son expérience mystique, de ce qui s'était passé en lui, et qu'il ne racontait pas dans son ouvrage cité ci-dessus, ni dans les cercles « mondains » de Rome qui l'invitaient pour « savoir » !
Je puis dire qu'une intimité religieuse et spirituelle profonde existait entre André Frossard et moi-même. Il avait une grande confiance en moi, au point qu'il me demandait de le conduire chez le Saint-Père, et que l'on me téléphonait de venir « reprendre mon oncle » lorsque cet entretien était terminé.
Parler avec André Frossard, c'était parler avec « l'homme au regard perçant », avec celui qui a vu. Le Pape Jean Paul II lui a dit un jour : « Vous avez un avantage sur moi : vous êtes un mystique mais moi, pas ! ». Et c'est vrai, au moins quant à André Frossard ! Une conversation avec lui n'était jamais banale : en quelques secondes, il vous transportait dans les hautes sphères, même quand il interprétait l'Evangile. J'oserais dire, comme saint Jean, l'Aigle de Patmos.
Au cours d'un déjeuner à Castel Gandolfo avec le Pape Jean Paul II, et son épouse, il demanda au Saint-Père :
« Pourquoi ne publiez-vous pas le Secret de Fatima ? ». Le Saint-Père lui répondit simplement : « Comment
trouvez-vous ce vin blanc des Castelli ? ».
Le 15 janvier 1995, André Frossard vint à Rome à la demande du Saint-Père, et je le conduisis au Vatican en fin de matinée. Mgr Stanislas Dziwisz me téléphona vers 16 heures en me disant : « Votre oncle a terminé son entretien avec le Saint-Père, voulez-vous venir le reprendre ? ».
Dans le voiture, en le raccompagnant chez moi pour parler, et pour passer ensemble la soirée et le dîner (son épouse n'ayant pu venir), André Frossard me dit :
« J'ai parlé au Saint-Père du Secret de Fatima. Cette fois, il m'a répondu, et m'a dit : "E NE PUIS
ABSOLUMENT PAS LE PUBLIER ! JE PUIS SIMPLEM/ENT VOUS DIRE QUE C'EST UN SIMPLE FEUILLET QUI COMPTE
22 LIGNES" » [A
SUIVRE]
Mgr J. MASSON