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"La ferme africaine" de Karen Blixen

Par Fanyoun


Quand le souffle passait en sifflant au-dessus de ma tête, c'était le vent dans les grands arbres de la forêt, et non la pluie. Quand il rasait le sol, c'était le vent dans les buissons et les hautes herbes, mais ce n'était pas la pluie. Quand il bruissait et chuintait à hauteur d'homme, c'était le vent dans les champs de maïs. Il possédait si bien les sonorités de la pluie que l'on se faisait abuser sans cesse, cependant, on l'écoutait avec un plaisir certain, comme si un spectacle tant attendu apparaissait enfin sur la scène. Et ce n'était toujours pas la pluie.
Mais lorsque la terre répondait à l'unisson d'un rugissement profond, luxuriant et croissant, lorsque le monde entier chantait autour de moi dans toutes les directions, au-dessus et au-dessous de moi, alors c'était bien la pluie. C'était comme de retrouver la mer après en avoir été longtemps privé, comme l'étreinte d'un amant.
Une nouvelle traduction de l'un des titres les plus populaires de la littérature du vingtième siècle, qui se veut fidèle à la musique de Karen Blixen, à sa voix, à son style, unique dans les lettres danoises, et lui rend enfin tout son éclat.
Collection Folio, 1978 (1937)
Traduit du danois par Yvonne Manceron
509 pages - 5,95 Euros
Mon avis :
La ferme africaine est une autobiographie écrite par la Baronne Karen von Blixen-Finecke, née au Danemark en 1895, qui partira loin de ses siens pour le Kenya en 1914. Ses souvenirs furent édités en 1937.
Elle vécut au Kenya de 1914 jusqu'en 1931. Propriétaire d'une ferme, cultivant du café près de Nairobi, elle sera la "m'saba"  régnant sur sa propriété comme un seigneur féodal mais son amour pour le peuple indigène dévoile son humanité profonde, elle ira même jusqu'à critiquer indirectement la civilisation européenne : "On les dépouille de leur passé, de leurs racines, de leurs coutumes. On les prive de tout ce qui faisait leur individualité et leur existence".
La Ferme africaine a été rédigé après son retour du Kenya qu'elle a quitté en y laissant une partie son âme. La vie qu'elle a vécu sur le continent africain, elle nous la raconte avec simplicité, avec une perfection de style, calme et ne s'embarrassant pas de détails superflus. Elle nous conte ses émotions, ses découvertes... Nous ressentons la nostalgie d'une femme qui a du quitter un pays qu'elle aimait par dessous tout, ruinée. Nous en apprenons beaucoup sur les différentes ethnies et les us et coutumes de celles-ci. Récit autobiographique, réflexions... si vous chercher une trame et une jolie histoire d'amour construite, passez votre chemin, ce livre n'est pas pour vous. Pas de suivi chronologique, c'est juste l'histoire d'une femme passionnée et nostalgique, qui nous conte une série d'anecdotes qu'elle a dû noter à la hâte sur un carnet. Nous percevons les battements du coeur de cette femme pour un peuple et son pays.



Sydney Pollack a adapté ce roman au cinéma en 1985. Donc juste pour le plaisir des yeux, je vous propose un extrait du film, romancé à souhait et notez que cette romance n'apparaît telle que décrite cinématographiquement dans le roman. Juste pour le plaisir des yeux et pour la prestation magnifique de Robert Redford et de Meryl Streep... et de Robert Redford...



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