L’assureur américain AIG a demandé au gouvernement fédéral son autorisation pour verser quelque 250 millions de dollars de primes au total à des cadres d’ici à mars prochain, a affirmé vendredi le Washington Post.
AIG, aujourd’hui nationalisé, a sollicité l’approbation de Kenneth Feinberg, chargé depuis juin par le gouvernement de Barack Obama de superviser les plans de rémunération des sept entreprises ayant été renflouées deux fois par l’Etat, précise le quotidien, qui cite des sources proches du dossier.
Le Trésor américain a confirmé que M. Feinberg avait entamé ses consultations avec les banques, sans préjuger de ses décisions. “Les entreprises devront convaincre M. Feinberg qu’elles sont parvenues à un équilibre capable de décourager les prises de risques excessives et de récompenser les performances de leurs hauts dirigeants”, a indiqué à l’AFP un porte-parole du Trésor. “Ce processus vient juste de commencer et M. Feinberg a entamé ses consultations avec ces sociétés au sujet de leurs programmes de rémunération”, a ajouté le porte-parole.
Les détails de ces négociations ne seront pas rendus publics, “mais il est clair que M. Feinberg a toute autorité pour s’assurer que les rémunération que ces entreprises accordent sont équilibrées”, a-t-il conclu.
AIG, qui a reçu depuis l’automne plus de 170 milliards de dollars d’aide publique, avait provoqué la colère de l’opinion américaine et du Congrès en début d’année, après le versement de 165 millions de dollars de primes. Le président de la Réserve fédérale américaine Ben Bernanke avait alors jugé “totalement déplacé” l’octroi de “bonus élevés à des employés de la division (de produits financiers) à la source de l’effondrement d’AIG”, et certains des cadres les ayant reçus avaient finalement accepté d’en restituer une partie.
Bien qu’AIG “n’ait pas expressément besoin de l’accord de M. Feinberg”, le groupe préférerait cette fois être couvert par un feu vert des autorités, relève le Washington Post. “Nous nous sentirions soulagés si le gouvernement était à l’aise avec ce que nous faisons”, a expliqué un employé d’AIG interrogé par le journal.
Dans un premier temps le quotidien avait avancé le montant de 2,4 millions de dollars, qui pourraient être versés dès la semaine prochaine à une quarantaine de cadres. Mais il a précisé dans son édition en ligne en soirée qu’il s’agissait en fait d’un montant total de 250 millions de dollars, dont 200 millions correspondant à des primes dues contractuellement à des employés travaillant dans la même activité de produits financiers évoquée durant l’hiver.
AIG pourrait, selon le quotidien, justifier ces primes, qui correspondent à des rémunérations variables dont le versement avait été reporté depuis 2008, par la nécessité pour le groupe de conserver certains cadres clef. “Nous avons besoin de prendre en considération le fait que beaucoup de nos employés, sinon la plupart, savent que leurs perspectives à long terme chez nous sont limitées, et nos concurrents savent que nos employés-clefs peuvent peut-être être débauchés” (avec des rémunérations plus attractives), soulignait l’assureur le mois dernier dans un document transmis au régulateur boursier.
AFP