Après un duel difficile, plusieurs villageois dogonos (Dogons) sont assassinés de façon mystérieuse. Le commissaire et son inspecteur sont envoyés de Bamako à Pigui, minuscule village, car il se pourrait que cette affaire soit politique. Au détour de chaque paragraphe, on découvre les us et coutumes en pays Dogon et au Mali. Les rues embouteillées de Bamako, les petits villages arrêtés dans le temps, la pratique approximative du pouvoir, le multilinguisme et l’esprit tribal.
La danse des masques en pays dogon
Formés à la manière occidentale, les enquêteurs se heurtent aux croyances et à la magie partout présentes. Ils évoluent de surcroit dans un pays où les ethnies ne considèrent pas l’Etat comme un élément supérieur, affirmant leur ancienneté comme fondement de la Loi. Sauront-ils surmonter ce mur de l’irréel qui entoure tribus et villages ? Ce sentiment de claustration séculaire est aussi vécu par les jeunes dogonos, à l’image de cette réplique donnée par l’un d’eux :
Tu sais, on étouffe dans ce pays. Toutes ces coutumes, cette religion, ces contraintes, on en a marre. Nous, on est jeune et on veut vivre. Pigui, c’est l’enfer. Je ne cherche qu’une chose : être riche et foutre le camp. Pour les autres, c’est pareil.
Moussa Konaté écrit de façon fluide, allant à l’essentiel tout en nous transportant dans cette Afrique légendaire. On se passionne rapidement : j’ai beaucoup apprécié par exemple la description qu’il fait de la danse des Masques ; on s’y croirait. Pour un peu, il nous ferait oublier que nous avons une enquête à boucler !
Je lirai d’autres romans de cet auteur.
Goodies :
Une chose m’a particulièrement frappé en lisant ce roman. L’auteur parle régulièrement d’une 4 X 4 utilisée par les enquêteurs. J’ai vérifié et le célèbre véhicule (polluant mais indispensable sur les pistes africaines) est bien du genre masculin. Renseignement pris auprès d’un ami africain d’origine, le quatre-quatre est souvent décliné au féminin, sur le continent noir. C’est aussi cela la découverte d’auteurs francophones : des tournures particulières, des surprises linguistiques qui ne lassent pas d’étonner !
Posted in A la découverte du monde !, Konaté Moussa, Polars Tagged: Bamako, Dogons, L'Empreinte du Renard, Mali, Moussa Konaté, Peuls, Polar africain