La héronnière

Par Anne Onyme

Lise Tremblay
Leméac
108 pages

Résumé:

Les histoires de La héronnière mettent en scène un village en perdition où se cachent, sous les mensonges du quotidien, des drames qui viennent bouscouler la vie de ses habitants. Dans un décor de chasse, de marais et de pourvoirues, les armes de la vie peuvent-elles défendre les habitants contre leurs propres démons?

Mon commentaire:

La héronnière est en fait un recueil de nouvelles, qui se lit presque comme un roman, puisque toutes les histoires sont liées entre elles et se passent dans le même village. Un village qu'on ne nomme pas et qui pourrait être n'importe où. Là où la nature fait partie intégrante des choses. Cette nature, et surtout l'homme qui y vit, peut être aussi belle que cruelle. Tout au long du recueil, nous sommes témoins du lien très ténu qui unit les estivants et les touristes, aux natifs du village. Entre ceux qui qui y sont nés, ceux qui s'y installent à un âge avancé, ceux qui y retournent et ceux qui veulent fuir, toutes sortes de petits détails font que le quotidien, tout à coup, bascule. Les gens se jugent, se détestent, les commérages vont bon train, la vie de village n'est pas de tout repos. Là-bas, tout le monde sait tout, mais personne ne dit rien. "Ceux du dehors" l'apprennent à leurs dépends...

Ce recueil est vraiment très intéressant. C'est mon premier contact avec la plume de Lise Tremblay et ce n'est certainement pas le dernier! Sa façon de nous démontrer que sous les apparences se cachent parfois beaucoup de choses que l'on ignore me plaît beaucoup. Les nouvelles sont toutes, à mon avis, d'égale qualité. L'auteur parle beaucoup de ce qui oppose la campagne et la ville, en donnant la parole essentiellement à ceux de la campagne. Elle parle aussi de l'amitié, qui unit les hommes et les femmes, de l'amour-amitié, des secrets que l'on cache pour protéger quelqu'un, des rencontres que l'on fait et de l'exclusion de l'étranger.

On peut, je crois, percevoir ces nouvelles comme traitant le village et ses habitants de façon négative. Sauf que j'y ai perçu beaucoup plus que cela. J'ai vécu à la ville pendant plus de vingt ans. Je vis maintenant dans un minuscule village depuis quelques années. Et même si le portrait que Lise Tremblay trace du village de son histoire est grossit à la loupe et qu'il s'agit de fiction, on y retrouve tout de même certaines choses qui opposent les citadins aux villageois, certaines mentalités, certaines idées.

J'ai adoré ce recueil. Je le conseille. Pour ma part, j'ai envie de plonger dans l'oeuvre de Lise Tremblay. Je crois que j'ai de belles heures de lectures qui m'attendent.

Un extrait:

"Depuis que ce Symposium existait, il fallait bien le dire, même si je ne raffole pas des touristes, cela avait rapporté beaucoup d'argent. Pendant la fin de semaine, toutes les pourvoiries et les gîtes étaient pleins et l'événement commençait à avoir une renommée provinciale. Plusieurs personnes revenaient pendant l'été pour faire de la bicyclette et observer les oiseaux. La chasse ça ne suffisait plus. Le maire n'arrêtait pas de le dire: "Pas de touristes, plus de village."