Liberté, liberté chérie ... et Wikipédia

Publié le 13 juillet 2009 par Pierrotlechroniqueur

Quitte à faire dans l'allégorie, autant ne pas y aller avec le dos de la cuillère.


Comme vous le savez peut-être, j'ai décidé de commettre un billet pour Agoravox il y a peu, billet qui faisait une petite synthèse sur l'interaction entre Wikipédia et l'effet charognard. Rassurez-vous, je ne vais pas revenir encore une fois sur le sujet (même si je ne peux m'empêcher de citer ce billet, qui me fait plaisir) en tant que tel : Michael Jackson, j'en ai marre d'en entendre parler (la presse à scandale a trouvé une mine, mais ce n'est pas une niche pour ce blog). Par contre, un des commentaires à mon billet - en désaccord avec mes observations et conclusions - m'a semblé interessant pour développer un thème ici même. Je vais y venir à la fin de mon  deuxième paragraphe, après un petit effet de manche.

Le deuxième paragraphe
(et un troisième en bonus)
Comme vous le savez sûrement (et à moins d'être sur Mars, ou pire, non francophone), il existe actuellement un bras de fer en France entre le législateur majoritaire et une partie non-négligeable de la population ayant accès au web 2.0 1 à propos de la fameuse loi Hadopi2 régulant les échanges d'octets, ayant pour toile de fond la notion de liberté d'agir sur la toile. La question de fond est donc : peut-on échanger tout et n'importe quoi sur le net. Ou plus simplement : quid de la liberté sur le net ? Sur le net, j'ai mon idée. Mais ce n'est pas vraiment dans la thématique de ce blog : je n'ai pas pour habitude de profiter d'une couverture Wikipédia pour faire passer mes idées "philosophiques" ou politiques sur tel ou tel sujet. Alors ? Alors il s'agit tout simplement d'aborder ici le thème de la liberté sur Wikipédia3.
Wikipédia repose sur le principe du wiki. Le wiki est un système collaboratif plus ou moins ouvert qui permet, selon les degrés d'"habilitation", de modifier en temps réel le contenu de tout ou partie des pages du site. Wikipédia se situe au niveau 0 du wiki sur sa quasi-totalité. Pas de considération méprisante dans cette phrase. Je veux juste indiquer par niveau 0 que la participation à ce wiki est totalement libre (dans le cadre des règles émises, a priori) sur l'ensemble du contenu4. Je pourrais faire des schémas, certes ... Mais je ne suis pas convaincu que cela soit vraiment pertinent dans ce cadre. Bref. Wikipédia et la liberté, revenons-y.
Là où on commence vraiment à parler des choses, et il serait temps.
Wikipédia se veut une "encyclopédie libre". C'est d'ailleurs écrit même sur le logo. Et quelle que soit la langue considérée, me semble-t-il (mon lectorat me pardonnera de ne pas éplucher toutes les déclinaisons linguistiques de Wikipedia, et en plus mon moldo-valaque est un peu rouillé). C'est une mauvaise idée. Je m'explique. Le fait d'indiquer "encyclopédie libre" est compris par le tout-commun comme "on est libre d'y écrire ce qu'on veut".
Rien n'est plus faux.
L'encyclopédie libre n'est libre qu'au sens des licences qui gèrent son contenu : "Droit d'auteur : Les textes sont disponibles sous licence Creative Commons paternité partage à l’identique ; d’autres conditions peuvent s’appliquer. Voyez les conditions d’utilisation pour plus de détails, ainsi que les crédits graphiques." Autrement dit, n'importe qui est libre de reprendre le contenu de Wikipédia à la condition expresse de respecter les dites licences.
Par contre, Wikipédia n'est pas libre quant à son contenu, et ne constitue donc pas un équivalent un peu plus lu de blogs avec un vernis d'encyclopédie. Le pourquoi de la chose est d'une simplicité cristalline (il suffit pour ça de se référer un minimum aux principes fondateurs, qui auraient dû plutôt être nommés : règlement intangible) si l'on considère seulement deux points importants :
  • Wikipédia est une encyclopédie. Une fois considéré ce postulat, il est évident que tout contenu n'est pas souhaitable, malgré ce que certains peuvent en dire. C'est un raisonnement binaire : soit c'en est, soit c'en est pas. Les éléments frontières sont discutables, mais la grande majorité de la production intellectuelle d'octets ne relève pas de Wikipédia. C'est d'ailleurs pour ça qu'il existe des projets pour d'autres choses au sein de la Wikimedia fundation. Et ailleurs également.
  • Wikipédia se doit de respecter la neutralité de point de vue. Autrement dit : vos opinions personnelles n'ont pas à compter, et ne doivent donc pas transparaître dans le contenu des articles.
Une fois considéré ceci, il est évident que la notion de liberté anarchique n'a plus cours sur Wikipédia. C'est d'ailleurs un des noeuds du problème entre suppressionistes et inclusionnistes.

Liberté contrainte : toujours une liberté ?

Je suis toujours surpris (et légèrement hilare) quand je peux lire dans les réactions à des demandes de suppression de pages, ou des notifications de suppression de contenus des réactions criant à la censure ou fustigeant le crime de lèse-liberté du "modérateur" (au sens de la personne qui a modéré le contenu, pas au sens d'une responsabilité éditoriale déléguée quelconque). Je m'explique : Wikipédia et ses règles, c'est un peu comme un plan de circulation : il y a des limites de vitesse, des voies de navigation et développement, et des interdictions. Par contre, on vous laisse vous déplacer d'un point à un autre comme vous l'entendez - dans les limites du code de la route (ou pour Wikipédia, normalement, des principes fondateurs).
Est-on libre sur Wikipédia ? Oui. Mais pas d'y faire n'importe quoi, bien sûr.
1. Et aussi à l'autre, mais mettre web 2.0 dans un billet est une garantie supplémentaire pour voir ces idiots de robots d'indexation faire apparaître mon billet un peu partout. Alors quand en plus on cite Michael Jackson, et le truc que je vais évoquer juste après, c'est presque la voie vers le jackpot.
2. Hadopi ... Encore une page dont la neutralité est ... problématique sur Wikipédia. En tout cas, se reporter à la note précédente.
3. Comment ça enfin ? J'avais pourtant prévenu dans mon premier paragraphe !
4. Alors qu'un niveau 1 nécessiterait une inscription, par exemple, pour les modifications. Ce qui est presque le cas pour les pages semi-protégées.