Une équipe japonaise vient de publier sur le site de la revue Nature une étude où il caractérise les propriétés in vivo et in vitro du virus H1N1 de la grippe porcine. Le travail est aussi remarquable qu'il fait froid dans le dos puisque les auteurs finissent leur article par la phrase suivante :
"Collectively, our findings are a reminder that
S-OIVs have not yet garnered a place in history, but may still do so, as
the pandemic caused by these viruses has the potential to produce a
significant impact on human health and the global economy."
Les auteurs expriment ainsi une certaine inquiétude avec la réserve qui sied à une revue scientifique de haut vol (puisque Nature est l'inverse mathématiquement exact d'un tabloïd) .
Les chercheurs ont travaillé sur le tout premier isolat de virus d'origine californienne appelé CA04 et montré qu'il prolifère plus rapidement que les virus conventionnels de la grippe et qu'il provoque une sévère infection pulmonaire chez les souris, les furets et les primates. Cependant, le même isolat prolifère tout aussi bien chez le cochon sans provoquer de signes cliniques, ce qui pourrait expliquer qu'il soit passé inaperçu. Par ailleurs (plutôt de bonnes nouvelles), l'isolat est apparu très sensible in vitro aux anti-viraux disponibles mais aussi, et de cela, nous nous en doutions sans en avoir la certitude, les personnes âgées exposées à la grippe espagnole de 1918 (âgés de plus de 90 ans aujourd'hui !) sont protégés contre le virus H1N1 ! Pourquoi cette dernière information serait plutôt bonne ? C'est une interprétation personnelle en tant que "pastorien" : la présence d'anticorps neutralisants dans les sérums de ces personnes âgées va permettre d'identifier les antigènes viraux qui en sont à l'origine et contribuer à élaborer une stratégie vaccinale encore plus efficace.
La grippe mexicaine 2009 a donc bien comme ancêtre la grippe espagnole de 1918. Sachons tirer des leçons de l'histoire.
GdM