Je peux pas écrire un billet en entier ce soir parce que je suis pas un vampire et que je dois dormir la nuit comme les gens normaux qui ont besoin du soleil et d'aller faire des commissions le matin pour s'acheter des trucs plates comme des lentilles cornéennes ou pour passer à la banque parce que les fonds sont à sec, à sec, à sec et qu'il faut renflouer parce qu'on se dirige vers un krach personnel qui fera mal, très mal, longtemps, et qu'on aime pas se retrouver dans une telle situation de précarité malsaine, parce qu'on veut s'acheter des fleurs pour mettre dans son salon ou dans sa cuisine pour nourrir son âme qui est en manque de choses vraies comme de la sève ou d'autres choses vivantes qui parlent pas constamment en racontant des mensonges ou des âneries comme la plupart des animaux peu fréquentables qui habitent nos quartiers de différentes étendues et de multiples compositions parce qu'il faut de tout pour faire un monde et ça, j'y crois dur comme fer parce qu'on apprend tellement de l'autre même s'il nous insupporte en déblatérant des conneries stupides, et qu'il dit qu'il connaît la vérité, alors qu'il y en a jamais eu d'ostie de vérité et qu'en vérité, il y a que le mensonge qui est vrai, parce que lui, il est entendu, il est mâché, débité, ça crible un mensonge et c'est cinglant et ça sonne toujours plus vrai que le vrai parce que le vrai dans le fond, on le connaît même pas, alors que j'en voie un prétendre qu'il sait, qu'il a atteint le sommet de la pyramide de la sagesse véritable et je lui en mets une, c'est prévenu d'avance, et je suis même pas ce genre de gars-là dans le fond parce que je suis calme et paisible et que j'aime le monde, un peu, souvent, et que j'essaie de me rendre compte qu'ils sont là, près de moi, prêts à me dire qu'ils savent de quoi il en retourne, alors que moi, je veux juste mettre une fleur dans un pot, puis poser le pot sur ma table de cuisine pour nourrir un peu mon âme qui a faim.