Se reconnaître enfin.
Longtemps disparu et égaré, revenir à la terre.
Y découvrir la mirobolante grandeur des hommes.
Quelque chose veut parler, tout au creux d'une brèche entre mes côtes.
Ma confusion s'adoucit, s'aplanit mollement.
Je suis le dragon de l'éternité. Je contemple l'infini des jours délicats de mon regard féroce, qui semble vouloir tout dévorer, tout détruire et tout faire sien, tout au creux de sa noire pupille. Je désire avec le feu de ma jeunesse réanimée.
Mes rêves n'ont jamais été aussi beaux. Comment l'expliquer ?
Il y a le désir dans ma paume. Je le toise, petit animal fragile.
L'écraser sous la main, ou le laisser partir ?
Vous raconter ces yeux que j'ai, comme ceux d'un Titan qui veut embrasser la lande entière et s'y prélasser.
M'y déposer la tête à l'orée d'une forêt, les épaules dans un lac animé de barques, laisser couler mon dos dans la grande rivière et poser mes pieds, négligemment, sur les sommets enneigés d'une fraîche cordillère. Le plaisir d'un monde de parfums, de saveurs, de sensations étranges et inédites.
L'échine érigée, déployée comme la statue la plus fière, je suis posté en garde, crieur de toutes les nouvelles beautés.
Et je hurle à la face de monde ! Elles sont légions, brutes ou raffinées, et elles cinglent comme le vent.
Peut-être le plaisir spontané du jour, peut-être le roman d'une éternité, je me love dans des bras immenses, qui font frissonner l'échine de mon corps de dragon.