Avons-nous sérieusement perdu la tête comme société? À la lecture de l’actualité de ces dernières semaines, le Chien de garde du Québec aurait tendance à dire oui… du moins pour ce qui est de notre conception de la justice et de la gravité des crimes. Ce commentaire essayera de faire le lien entre ces concepts et trois affaires juridiques assez similaires afin de démontrer que notre système de justice doit être renouvelé pour qu’il soit au diapason des nouveaux sommets atteints par le monde de la criminalité. Il ne s’agit en rien d’un texte à saveur de droit, mais bien juste un commentaire d’un individu qui s’inquiète de voir notre inaction et notre manque flagrant de jugement dans ce domaine.
Ces trois événements, d’une tragédie sans précédent, ont comme conséquences majeures d’avoir ruiné des milliers de vies et détruit les espoirs d’un repos bien mérité pour leurs victimes. Il s’agit des affaires Madoff, Lacroix et possiblement très bien bientôt Earl Jones. Ces trois individus, tous des financiers reconnus et jouissant auparavant d’une confiance absolue de la part de leurs clients investisseurs, ont « traficoté » dans le dos de ces derniers afin de voler et détourner les fruits du travail et de dure labeur de toute une vie. Il est vrai que le montant astronomique de la fraude de Madoff aux États-Unis pourrait classer Vincent Lacroix au rang de petit magouilleur, mais dans des cas comme ceux-ci, une comparaison des chiffres n’enlève rien à la gravité du geste commis. Pour ce qui est du cas Earl Jones, même si l’histoire vient d’être dévoilée et qu’elle est très partielle jusqu’à présent, il ne fait pas de doute qu’elle risque d’être assez similaire à celles des deux autres fraudeurs précédemment nommés.
Les similarités entre ces événements s’arrêtent malheureusement là puisqu’au Canada, nous avons une conception de la justice qui mise malheureusement trop souvent sur la réhabilitation plutôt que sur l’effet dissuasif. Nos voisins du Sud ont compris qu’une histoire, comme celle de Madoff, doit être prise et jugée différemment afin d’en faire un exemple fort pour éviter qu’elle ne se reproduise et c’est sans doute pour cette raison qu’ils ont condamné ce dernier à 150 ans de prison ferme avec une possibilité de libération conditionnelle à 85% de sa peine. On est d’accord sur le fait que Madoff, baby-boomer des premières années, ne sortira jamais de prison à son âge avec une telle peine à purger. Ce qui est très bien ainsi puisque son crime, comme ceux de Lacroix et possiblement Earl Jones, peut être qualifié d’aussi horrible que ceux commis par un tueur en série sociopathe. Ils n’ont pas tué personne, mais c’est tout comme s’ils l’avaient fait puisqu’ils ont détruit des milliers de vies en volant les économies de toute une existence. Leurs victimes ont tout perdu et ne peuvent, pour la plupart, absolument rien pour récupérer leurs fonds. Ils n’ont aucun recours puisque les agresseurs, en véritables connaisseurs de la finance qu’ils étaient, ont vite compris qu’ils naviguaient en zones grises lors des crimes commis. Ils ont profité de plusieurs lacunes des systèmes financiers en place pour s’enrichir aux dépens d’autrui.
À la lumière des derniers éléments, quelqu’un peut-il essayer de répondre maintenant à cette interrogation… comment se fait que Lacroix, véritable tueur en série économique, est maintenant libre ? À l’instar de Madoff, cet individu devrait être encore en prison afin d’y terminer son existence et non à l’air libre après seulement 18 mois « en-dans ». Son crime est présentement traité avec la même indifférence et la même désinvolture que celui commis par un voleur de voiture. Comment peut-il profiter d’une liberté, même partielle, après tout ce qu’il a fait ? La sacro-sainte volonté canadienne de réhabilitation est probablement la réponse à cette question. Pourtant, des individus comme Lacroix ne devraient pas être traités différemment qu’un meurtrier puisque dans les deux cas, c’est du pareil au même dans la finalité des actes posés, soit la destruction de vies innocentes… Au Canada, un meurtre au premier degré amène toujours son auteur à être condamné à la prison à vie sans possibilité de libération avant 25 ans. Des crimes économiques devraient traités avec la même sévérité puisqu’une peine bonbon comme celle de Lacroix n’a rien de très dissuasif. Il est évident qu’on ne peut lier son histoire avec celle d’Earl Jones sortie dans les derniers jours, mais on peut se poser la question suivante comme une hypothèse : est-ce que l’affaire Earl Jones aurait eu lieu si celle de Lacroix avait été traitée avec la même sévérité que nos voisins du Sud ont eue avec Madoff ?
En espérant que ce commentaire et les nombreux autres dans les médias feront réagir nos gouvernements dans la bonne direction. Il ne faut plus que des histoires comme ces dernières surviennent et pour cela, il faudrait que le Code criminel canadien soit amendé afin d’y inclure des peines plus lourdes pour de tels crimes économiques. Par ailleurs, un tel geste ne vient pas seul puisque les volontés juridique et politique devront être présentes et proactives. La confiance des investisseurs, gros ou petits, doit être rétablie le plus tôt possible après de telles fraudes. Tel est l’opinion du Chien de garde du Québec à ce sujet.
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- Madoff VS Lacroix
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