Les gouvernements régionaux des deux grandes communautés qui forment le royaume de Belgique sont dans les starting-blocks, cinq semaines seulement après les élections du 7 juin. Belle performance en Belgique qui s’explique facilement puisqu’on est chacun chez soi et qu’il n’y a pas « l’ennemi » d’en face avec qui il faut essayer de composer.
Au fil du temps, et sous la pression flamande, ces gouvernements régionaux ont pris une place prépondérante au sein d’un Etat belge de plus en plus cannibalisé et vidé de sa substance. Ce qui ressort des programmes pour les cinq années à venir est révélateur du fossé idéologique qui sépare les politiques du nord et du sud et qui ne cesse de se creuser. Le point de rupture n’est plus très loin et j’ose dire que dans ce contexte, il est de l’intérêt de tous d’en finir au plus vite. Les divorces qui s’éternisent sont toujours préjudiciables, tout le monde le sait. Mais qui osera faire le premier pas ?
La fracture s’élargit dangereusement. Tandis que la Flandre de centre-droit nationaliste (CD&V, N-VA et SP.A) veut « une Flandre énergique, une société innovante, durable et chaleureuse », la Wallonie gauchisante (PS, cdH et Ecolo) fera dans la continuité teintée de vert pâle : le solidaire, l’humain et le durable. Tout est dit dans ces quelques mots. Pour l’anecdote, les Flamands n’on pas eu besoin des Verts pour se lancer dans le durable.
Voyons aujourd’hui comment l’avenir se profile en Flandre.
Sur le plan économique, les Flamands, toujours très pragmatiques, ne s’embarrassent pas d’états d’âme idéologiques, ils avancent. Et la crise économique leur donne des ailes même si leurs finances ont fondu : économies tout azimut en commençant par un grand nettoyage dans leurs institutions gouvernementale, parlementaire et publiques, création d’un pôle énergétique (VLEnergie) axé sur le développement industriel des énergies renouvelables et à terme sur une plus grande autonomie, renforcement de l’accompagnement et du suivi des chômeurs, etc. Sur le plan social, ils se donnent les moyens budgétaires pour améliorer le pouvoir d’achat des citoyens via des avantages sociaux (assurance hospitalisation, prime scolaire et augmentation des allocations familiales) que la Wallonie ne pourrait malheureusement se permettre.
Le volet « communautaire » est évidemment bien présent mais plus souterrain, moins bavard. Le nouveau gouvernement se donne cinq ans pour (tenter de) « flamandiser » Bruxelles. Les mesures prises depuis des lustres sont un échec, alors, cette fois, ce sera à coup de fric afin d’augmenter le nombre de crèches, d’écoles et de maisons de retraite néerlandophones et aussi augmenter le nombre de médecins néerlandophones, construire des logements réservés aux fonctionnaires flamands qui s’installeraient à “Brussel”. En avant toutes ! Et quid du caractère flamand de la « périphérie » où vivent près de 200.000 francophones ? Malgré les tentatives d’épuration linguistique, c’est aussi un échec. Poussé dans le dos par son partenaire ultrai nationaliste (NVA-A), le gouvernement va mettre les bouchées doubles – c’est d’ailleurs un NV-A qui sera en charge de la tutelle des communes – en renforçant l’arsenal que l’on connaît et particulièrement les mesures discriminatoires pour l’obtention d’un logement à l’encontre de tout qui ne parle pas le néerlandais. Un beau bras d’honneur à la communauté internationale qui s’en est émue.
En Wallonie, rien de tout ça. La « bonne gouvernance », le dada d’Ecolo, a fait l’objet de toutes les attentions. Pour le reste, beaucoup de blabla pour rassurer à la fois Ecolol, les futurs cocus de la coalition, et les allocataires de tout poil. Pour le reste, rien de flamboyant. Le rusé et pontifiant Elio Di Rupo, président du PS, a soigneusement noyé toute velléité de changement substantiel de société. Pauvres Wallons. Ce sera le sujet du chapitre 2.
éé
éé