pour Joachim Gatti

Publié le 13 juillet 2009 par Micheltabanou
Par solidarité je poublie le texte suivant pour Joachim Gatti
Voici la lettre de La Parole Errante avec prière de large diffusion, contre la désinformation de l’AFP et de la Presse collabo, et c’est pourquoi je la transfère à la demande de Stéphane G. Pour info complémentaire sur Joachim Gatti, il est aussi l’acteur qui a tenu le rôle de Joachim Rivière dans le film "La Commune de Paris"  de Peter Watkins, il a fait des études de philosophie à Nanterre avec Etienne Balibar, un Grand Projet sur la sémiotique de la stratégie urbaine de la ville de Gênes (histoire et contemporain dont les grandes manifestations altermondialistes). Etc...
Il va de soi qu’il faut prendre en compte tous les "cyclopes" comme disait La Louve ici, des balles de plastique ou autres coups envoyés dans la figure des manifestants, activistes et/ou autres résistants ou non conformes, dont les gars les plus défavorisés des banlieues qui ont été aux premières loges, ou simples contestataires solidaires de l’insoumission et de la liberté du mode de vie, premières victimes de la défiguration générale entreprise par le nouveau Président depuis qu’il fut ministre de l’intérieur, corps vivants et réformes institutionnels compris.
Défigurer pour marquer à vie, c’est un crime autorisé depuis que la police est engagée par le pouvoir dans des voies miliciennes contre l’altérité sociale et nationale (ici je parle aussi de l’émigration). Et notamment contre ceux qui agissent pour sauver les libertés à l’acte. Sans doute est-ce la structuration d’un fascisme sur l’alterophobie générale des lois et des ordres exécutifs, jusqu’à leur application sans contestation par les forces de l’ordre, n’étant en réalité que celles du désordre des divisions les plus graves. Mais il faut savoir que l’état dans lequel se trouve le visage du dernier des "cyclopes" de la  opulation en voie de mutation sous les actes de défiguration de l’humain par le président actuel, est certainement le plus grave de ceux qui se sont produits jusqu’ici. L’escalade est claire et il faut voir et comprendre en quoi...
A Montreuil, la police vise les manifestants à la tête.
Le matin du mercredi 8 Juillet, la police avait vidé une clinique occupée dans le centre-ville. La clinique, en référence aux expériences venues d’Italie, avait pris la forme d’un "centro sociale" à la française : logements, projections de films, journal, défenses des sans papiers, repas… Tous ceux qui réléchissent au vivre ensemble regardaient cette expérience avec tendresse. L’évacuation s’est faite ans violence. Les formidables moyens policiers déployés ont réglé la question en moins d’une heure. En traversant le marché le matin, j’avais remarqué leurs airs affairés et diligents. Ceux qui s’étaient attaché à cette expérience et les résidents ont décidé pour protester contre l’expulsion d’organiser une gigantesque bouffe dans la rue piétonnière de Montreuil. Trois immenses tables de gnocchi (au moins cinq mille) roulés dans la farine et fabriqués à la main attendaient d’être jetés dans le bouillon. Des casseroles de sauce tomate frémissaient. Ils avaient tendu des banderoles pour rebaptiser l’espace. Des images du front populaire ou des colonnes libertaires de la guerre d’Espagne se superposaient à cette fête parce que parfois les images font école. J’ai quitté cette fête à 20h en saluant Joachim.
A quelques mètres de là, c’était le dernier jour dans les locaux de la Parole errante à la Maison de l’arbre rue François Debergue, de notre exposition sur Mai 68. Depuis un an, elle accueille des pièces de théâtres, des projections de films, des réunions, La nuit sécuritaire, L’appel des Appels, des lectures, des présentations de livres… Ce jour-là, on fermait l’exposition avec une pièce d’Armand Gatti « L’homme seul » lu Pierre Vial de la Comédie Française et compagnon de longue date. Plusieurs versions de la vie d’un militant chinois s’y confrontent : celle de la femme, des enfants, du père, du lieutenant, du général, des camarades…
C’était une lecture de trois heures. Nous étions entourés par les journaux de Mai. D’un coup, des jeunes sont arrivés dans la salle, effrayés, ils venaient se cacher... ils sont repartis. On m’a appelé. Joachim est à l’hôpital à l’hôtel Dieu. Il était effectivement là. Il n’avait pas perdu conscience. Son visage était couvert de sang qui s’écoulait lentement comme s’il était devenu poreux. Dans un coin, l’interne de service m’a dit qu’il y avait peu de chance qu’il retrouve l’usage de son œil éclaté. Je dis éclaté parce que je l’apprendrais plus tard, il avait trois fractures au visage, le globe oculaire fendu en deux, la paupière arrachéel...
Entre ces deux moments ; celui où je l’ai quitté à la fête aux gnocchi et l’hôtel Dieu que s’était-il passé ? Il raconte : Il y a eu des feux d’artifice au dessus du marché. Nous nous y sommes rendus. Immédiatement, les policiers qui surveillaient depuis leur voiture se sont déployés devant. Une minute plus tard, alors que nous nous trouvions encore en face de la clinique, à la hauteur du marché couvert, les policiers qui marchaient à quelques mètres derrière nous, ont tiré sur notre groupe au moyen de leur flashball.
A ce moment-là je marchais et j’ai regardé en direction des policiers. J’ai senti un choc violent au niveau de mon œil droit. Sous la force de l’impact je suis tombé au sol. Des personnes m’ont aidé à me relever et m’ont soutenu jusqu’à ce que je m’assoie sur un trottoir dans la rue de Paris. Devant l’intensité de la douleur et des saignements des pompiers ont été appelés. Il n’y a pas eu d’affrontement. Cinq personnes ont été touchés par ces tirs de flashball, tous au dessus de la taille. Il ne peut être question de bavures. Ils étaient une trentaine et n’étaient une menace pour personne. Les policiers tirent sur des images comme en témoigne le communiqué de l’AFP :
Un jeune homme d’une vingtaine d’années, qui occupait, avec d’autres personnes, un squat évacué mercredi à Montreuil (Seine-Saint-Denis), a perdu un œil après un affrontement avec la police, a-t-on appris de sources concordantes vendredi. Le jeune homme, Joachim Gatti, faisait partie d’un groupe d’une quinzaine de squatters qui avaient été expulsés mercredi matin des locaux d’une ancienne clinique. Ils avaient tenté de réinvestir les lieux un peu plus tard dans la soirée mais s’étaient heurtés aux forces de l’ordre. Les squatters avaient alors tiré des projectiles sur les policiers, qui avaient riposté en faisant usage de flashball, selon la préfecture, qui avait ordonné l’évacuation. Trois personnes avaient été arrêtées et un jeune homme avait été blessé à l’œil puis transporté dans un hôpital à Paris,selon la mairie, qui n’avait toutefois pas donné de précision sur l’état de gravité de la blessure."Nous avons bien eu connaissance qu’un jeune homme a perdu son œil mais pour le moment il n’y a pas de lien établi de manière certaine entre la perte de l’œil et le tir de flashball", a déclaré vendredi la préfecture à l’AFP.
D’abord, la police tire sur l’image d’un jeune de 20 ans qui essaye de reprendre son squat. Et pour la police et les médias, cela vaut pour absolution, et c’est le premier scandale. Quant à Joachim, faut-il rétablir la vérité sur l’identité de Joachim Gatti ne serait-ce que pour révéler la manipulation des identités à laquelle se livre la police pour justifier ses actes , comme s’il y avait un public ciblé sur lequel on pouvait tirer légitimement ? Joachim n’a pas 20 ans mais 34 ans. Il n’habitait pas au squat, mais il participait activement aux nombreuses activités de la clinique. Il est cameraman. Il fabrique des expositions et réalise des films.Le premier film qu’il a réalisé s’appelle « Magume ». Il l’a réalisé dans un séminaire au Burundi sur la question du génocide. Aujourd’hui, il participe à la réalisation d’ un projet dans deux foyers Emmaüs dans un cadre collectif. On devrait pouvoir réécrire le faux produit par l’AFP en leur réclamant de le publier. Il serait écrit simplement — mais au moins ceci — : Joachim Gatti, un réalisateur de 34 ans a reçu une balle de flashball en plein visage alors qu’il manifestait pour soutenir des squatteurs expulsés. Il a perdu un œil du fait de la brutalité policière.
Stéphane Gatti *