Combien de fois l'ai-je entendue cette phrase ? Que l'on soit cadre, cadre sup voire cadre dirigeant, la tentation est grande : "Puisqu'ils ne sont pas capables de faire le boulot correctement et que moi je suis compétent, et bien tant pis je suis déjà débordé mais je vais le faire, d'autant plus que j'ai une promotion en jeu". Eh oui: "Je me suis tué au travail pour ma promotion"... sauf que souvent la fin de la phrase c'est : "Et je ne comprends pas pourquoi je ne l'ai pas eue".
Souvent, quand ils sont dans mon bureau pour un coaching, c'est justement à cause de la fin de la phrase... à leur initiative ou à celle de leur patron d'ailleurs, qui se dit qu'il doit les aider à prendre du recul. Un de mes clients, cadre dirigeant, m'expliquait qu'il était obligé de repasser systématiquement derrière "ses troupes" pour vérifier le travail fait et qu'à son grand malheur il trouvait toujours quelque chose qui n'allait pas. Cela augmentait sa méfiance, il vérifiait encore plus et... vous voyez le cercle vicieux arriver. Au bureau à 7h du matin, dernier parti, stress, fatigue, traits tirés, tensions au travail, mauvaise ambiance... et tutti quanti, jusqu'au jour où on lui dit "Tu es un excellent professionnel, les performances sont là mais plus personne ne veut travailler avec toi, il faut faire quelque chose". Il a eu la bonne idée de décider de faire un coaching, et une meilleure encore en me prenant comme coach (si, si, je vous jure, je suis modeste dans la vraie vie... :-) ).
Une autre cliente m'expliquait qu'elle travaillait le soir en rentrant chez elle (les joies des nouvelles technologies et du télétravail...), et que cela pouvait la mener jusqu'à 2h ou 3h du matin. Elle était tellement épuisée physiquement qu'elle craignait un matin de ne plus arriver à se lever du lit tellement son corps était à bout. Tout cela parce "Vous comprenez, on vient toujours vers moi pour résoudre les problèmes urgents, je suis celle sur qui on peut toujours compter, j'ai cette réputation de redresser les situations impossibles". Vous parlez d'un cadeau, une telle réputation... Il y en a qui en profitent, vous n'avez pas remarqué ? Vous vous doutez bien qu'à l'arrivée de l'enfant, il a fallu trouver d'autres solutions...
La tentation est grande souvent, de se tuer à la tâche pour prouver que l'on est compétent, ultra-compétent, expert, redresseur de situations, etc. Mais ce faisant on sacrifie beaucoup : sa capacité à prendre du recul, à être à l'écoute, à déléguer et à se mettre en mode pilotage stratégique, j'en passe... Le directeur d'un de mes clients lui expliquait un jour : "On ne te paie pas à compenser les lacunes des autres et faire leur travail quand ils ne l'ont pas fait, pour éviter les retards etc., on te paie pour t'assurer que l'organisation est efficace et que chacun fait ce qu'il a à faire". D'ailleurs, mon client avait très bien compris (enfin !) que c'était cela son travail. Et au passage, il arrivait à finir ses journées de travail à 20h au lieu de 2h du matin... ce qui est quand même bien plus agréable !...
Je terminerai cet article par une citation du livre " Ces filles sympas qui sabotent leur carrière", de Lois Frankel (le conseil vaut aussi pour les hommes bien sûr) : "En réalité, personne n'a jamais été promu à force de travail. La réussite d'une carrière dépend de plusieurs facteurs ; citons entre autres la capacité à se faire apprécier, l'aptitude à élaborer une stratégie gagnante, la possession d'un réseau de relations...".
Je signale que sur les 5 clients dont je me suis inspirée pour écrire cet article, 4 ont connu une évolution professionnelle significative sur l' année qui a suivi le coaching. Comme a dit un jour une des participantes de ma formation "Tremplin pour les femmes" : "Le paradoxe, c'est quand j'ai été la moins disponible pour les autres que j'ai le plus évolué". Eh oui, disponible n'est pas synonyme de corvéable à merci...
A bon entendeur !
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