Journaliste, poétesse, critique littéraire, traductrice et romancière argentine, Alicia Dujovne Ortiz a aussi publié des documents, des portraits de villes et des livres pour enfants. La question de l'insaisissable être-Argentin est encore une fois posée avec autant de destins inachevés que d'histoires : c'est là le propre de cet homme Argentin, d'être ainsi, dit-elle, un cousin du Juif errant.
En 1947, à Paris, un jeune poète uruguayen se laisse séduire par une femme entreprenante, l'épouse et la ramène à Montevideo. Elle se nomme Africa de las Heras, elle a fait la guerre d'Espagne à la tête de miliciens. Elle est chargée par le KGB de monter un réseau pour introduire des espions soviétiques aux USA. Qui pourrait soupçonner l'épouse espagnole d'un poète anticommuniste déclaré ? A Montevideo, Africa est une couturière à la mode qui cache son poste émetteur radio au milieu des machines à coudre, l'antenne parmi les cordes à linge. Pendant la guerre, la capitaine des milices a été parachutée sur les lignes allemandes, elle a aussi été secrétaire de Trotski et fiancée de son assassin. Depuis son bureau moscovite son officier traitant la manipule au gré des besoins de la Cause et écrit un roman délirant entre un poète fasciné par le pouvoir des objets et une femme extraordinaire, émouvante, impitoyable. Cette rencontre improbable entre deux êtres incompatibles nous raconte aussi le régime stalinien, le contrôle absolu et le soupçon permanent. Avec la complicité d'une réalité plus folle que toutes les fictions, mêlant documentation rigoureuse et sens de l'humour, Alicia Dujovne-Ortiz construit un roman passionnant.
Traduit de l'espagnol par (Argentine) par Claude de Frayssinet.