Il suffit que l'on me dise chocolat pour que je m'affole comme une boussole dans un orage magnétique et pour que je perde pratiquement la raison. Et quand j'en tiens un bout dans ma main j'oublie tout et surtout les six mois d'efforts et de salade à l'eau, qui m'ont permis de perdre 1gramme 25, je me jette sur le bout et plus rien n'existe tant que je ne l'ai pas fini… et cela même s'il fait la taille de la moitié des Pyrénées.
Qu'il soit blanc, noir, entre les deux, aux noisettes, aux éclats de fèves ou même au riz soufflé… le chocolat est mon ami et je crois qu'il le serait même s'il était fourré à la bolognaise…
Et pourtant un seul mot peut effacer cette passion, un seul mot peut balayer tous mes rêves d'un jour, me jeter dans un bain de chocolat fondu aux noisettes et courir après dans les rues en criant 'chuis une tablette ! 'chuis une tablette comme les autres!!! Un mot et un seul effacer mes envies et me faire oublier ma passion chocolatée… et ce mot c'est… Café !
Le café m'a accompagné pratiquement depuis toujours. Déjà petit, le café a été mon premier petit déjeuner, enfin à l'époque je croyais que le jus de café mâtiné à la chicoré que faisait ma mère était du café… et puis d'autres cafés sont venus…
Ceux que je prenais du côté de Victoria Station et qui me permettaient au petit matin après des nuits... compliquées, de me souvenir où j'avais déposé la veille mon petit linge de rechange … Ceux, plus noirs, des matins de boulot, qui n'arrivaient pas à me donner envie d'aller dans cette foutue usine à papier où je travaillais plus pour ne pas gagner grand-chose, mais qui me faisaient tenir jusqu'au soir, où là je revivais enfin… Et puis ceux que je buvais seul dans notre cuisine quand il m'arrivait encore de me lever avant Elle, ces cafés clopes comme je les prenais alors et pendant lesquels je me demandais le pourquoi et le comment d'Elle et moi, des questions qui s'effaçaient d'un coup quand je l'entendais me dire depuis le pas de la porte, t'as l'air pensif, tu m'en sers un…
Beaucoup de cafés m'ont donc toujours accompagné du matin jusqu'au soir et du soir au petit matin… et aujourd'hui encore j'ai toujours une bonne ou une mauvaise raison pour faire la pause café.
Alors quand Amandine, une de mes miss Moneypenny à moi, m'a glissé, ce soir James - je crois qu'elle m'appelle James parce qu'elle a oublié mon prénom et que ça doit lui faire penser à quelqu'un, je me demande bien à qui d'ailleurs… - James, me dit-elle donc, tu as rendez-vous chez Senderens pour un diner café café… café ! Ta cible c'est une certaine Quadrante une nouvelle faiseuse de café qui vient de sortir du côté de chez Philips… mais attention tu sais ce qui t'arrive quand tu craques pour une de ces tentatrices et que tu abuses du café ! Tu te rappelles de la dernière fois quand il a fallu aller te chercher alors que tu courrais nu sous un poncho dans la jungle amazonienne en criant el gringo veut boire un bon café, el gringo veut… et tout ça parce que tu ne sais pas dire non à un bon café et qu'à ton 72e tu es juste sorti faire le tour du pâté de maison tu nous avais dit… J'ai plissé l'œil, je ne sais pas trop pourquoi mais comme Horatio Caine le fait… et j'y suis allé fier et sans peur, en me disant que ce n'était quand même pas une cafetière qui allait me faire tourner la tête !
Enfin je pensais ça avant de la voir, ou plutôt de les voir, la noire et la blanche… et là moi et ma foutue habitude de ne pas considérer les objets comme des… objets… enfin pour tout dire ça ne c'est vraiment pas passé comme je le pensais entre Quadrante, moi et Senderens… à suivre…
Et comme j'hésite encore entre chocolat et café, j'ai essayé de faire un petit dessert très chocolat et très café !
Très chocolat au café d'orient
Ingrédients :
Pour la crème très chocolat : 160g de chocolat noir (pas trop amer) – 12cl de lait – 12cl de crème liquide – 2 jaunes d'œuf – 30g de sucre en poudre
Pour le croustillant : 80g de chocolat noir aux noisettes et éventuellement au caramel ou aux fèves de cacao tout ce qui croustille (j'ai utilisé du chocolat noir noisettes, caramel et crêpes dentelle) - 20g de crêpes dentelles
Pour la couverture au café : 10cl de café fort – 8 capsules de cardamome – 2càs de sucre en poudre – ½ feuille de gélatine
Commencez par le croustillant. Hachez très fin le chocolat aux noisettes et les crêpes dentelle.
Préparez ensuite la crème chocolatée. Hachez le chocolat noir.
Fouettez le sucre et les jaunes ensemble dans un saladier.
Faites chauffer le lait et la crème dans une casserole et quand c'est bien chaud versez sur le mélange du saladier, versez en filet en fouettant le tout. Remettez sur le feu et faites épaissir en remuant constamment avec une cuillère en bois. Dès que le mélange commence à épaissir, versez-le sur le chocolat en trois fois (merci Christophe Felder !), on verse, on bat au fouet fort et rapidement, et surtout on n'attend pas, on verse de nouveau, tout ça donc trois fois. Laissez tiédir.
Préparez le sirop de café épicé. Mettez le café, le sucre et la cardamome dans une petite casserole et faites réduire environ de moitié à feu moyen. Pendant ce temps faites tremper la gélatine dans de l'eau froide. Quand le café est à point, égouttez la gélatine et ajoutez-la au café, remuez jusqu'à ce qu'elle fonde, laissez ensuite tiédir.
Montez ensuite, dans des petits cercles ( 5 ou 6cm) si possible avec du rhodoïd (film plastique épais), une petite couche de croustillant, une belle couche de crème, une couche de croustillant et une dernière de crème, recommencez autant de fois que de cercles. Réservez au frais pendant une petite heure. Démoulez doucement, n'hésitez pas à utiliser un couteau pour décoller les bords, il est possible que le résultat ne soit pas forcément très " présentable ", mais comme j'ai toujours eu un faible pour les desserts un peu sauvages...
Laissez une dizaine de minutes à température ambiante et versez enfin un peu de sirop au café et mangez de suite.
Je vous conseille vraiment de mangez cette gourmandise en petites quantités la mousse étant terriblement chocolat et bien sûr de la proposer avec un bon café moussant et presque brûlant…
Mais pourquoi, James… Moneypenny… décidément ça me dit quelque chose… est-ce que je vous raconte ça…