La passion est un sentiment qui traverse le temps, les époques, les générations, l’espace… Il fait aussi partie de ces sentiments qui régissent, conduisent, poussent les hommes à agir en omettant le raisonnable.
Dans Lettre d’une inconnue, Stefan Zweig livre un magnifique exemple d’une passion dévorante et auto-destructrice. Un jeune homme reçoit une lettre d’une jeune femme où elle lui dévoile son amour viscérale pour lui depuis qu’elle a treize ans. Cette lettre, c’est une confession, un cri de désespoir pour se faire reconnaître: “je veux te révéler toute ma vie, cette vie qui véritablement n’a commencé que du jour où je t’ai connu. Auparavant, elle n’était que trouble et confusion, et mon souvenir ne s’y replongeait jamais;“.
Car cet homme, pour qui elle s’est sacrifiée toute sa vie, l’a rencontré trois fois, mais l’a prise pour trois personnes différentes et l’a oublié aussitôt chaque lendemain de leur nuit d’amour. Le fruit, de ce qu’elle pense être une histoire d’amour et qui s’avère être qu’une banale aventure pour lui, est un enfant. Elle n’a que lui à qui se raccrocher, et elle le fait éperdument, car c’est une partie de cet homme qu’elle a réussi à extirper.
Seulement, l’enfant tant chéri par sa mère en détresse est aujourd’hui mort. A bout, elle ne peut qu’avouer ce fardeau, cette obsession qui la consomme depuis son enfance.
Malgré cette histoire plus que tragique qui reprend vie au fil des pages, on espère, on veut croire que l’homme va la reconnaître. Le récit est éprouvant, haletant, on subit sans répit le fanatisme presque religieux de cette femme pour cet homme, dont seul la mort la délivrera.
Une nouvelle terriblement romantique, même si il est question de sacrifice, d’abandon de soi dans le seul but d’être au moins une seule fois dans les bras de l’être aimé.