Il y a maintenant 3 ans, Christophe Willem triomphait à La Nouvelle Star, et l'on se disait qu'une grande carrière l'attendait s'il trouvait des compositions à la hauteur de son talent. On peut le dire aujourd'hui : il mérite mieux, qu'il s'agisse de son premier album Inventaire ou du deuxième sorti en Mai dernier, Caféine. C'est loin d'être mauvais mais il manque toujours quelque chose. On voudrait presque qu'il se contente de faire des albums de reprise, là où il excelle. Si Inventaire contenait quelques tubes, dont le fameux Double Je, il y avait aussi beaucoup de remplissage avec des chansons anecdotiques, pourtant parfois écrites par de grands noms. Caféine a un peu plus de mal à convaincre puisqu'il n'a pas de véritable tube, au mieux quelques chansons hautement sympathiques.
Caféine est extrêmement bien produit et c'est à la fois son plus bel atout et son plus grand défaut. On sent bien que le mec qui a mixé l'album s'est éclaté. On l'imagine très bien trifouiller avec enthousiasme tous les multiples boutons de sa console. Il y a donc plein de petits sons bien agréables à l'écoute. Les poussées electro, on va les appeller comme ça, donnent une certaine cohérence à l'album, qui en manquerait autrement singulièrement. Oui mais le problème c'est que la voix de Christophe, qui est superbe, n'est absolument pas mise en valeur. Elle est parfois noyée dans la musique et elle n'est jamais émouvante. C'est tout de même hyper dommage quand on se souvient de ses interprétations de True Colors ou La chanson des vieux amants à la Nouvelle Star ! Dans un autre style, Jacques a dit sur son premier album était un très beau titre, sur un texte signé Zazie. Dans Caféine, pas d'équivalent à Jacques a dit. Il y a bien Si je tombais mais elle est plus ennuyeuse qu'autre chose. La mélodie de Fragile ne nous emporte jamais, malgré un texte pas laid du tout. La seule vraie bonne surprise, c'est Plus que tout, le second single. Mais ce n'est ni du up-tempo, ni une balade. Les paroles sont mignonnes, la mélodie reste bien en tête, il faut juste ne pas en abuser sinon elle saoule vite. Entre nous et le sol, reprise en français d'un des titres que Britney Spears n'avait finalement pas retenu pour son album Blackout, possède une ambiance moite très agréable mais elle ne décolle jamais. Sensitized, le duo avec Kylie Minogue, n'a aucun intérêt puisque la voix de Christophe a simplement été posée sur la version originale. Aucune complicité ne s'en dégage, forcément.
Berlin est l'exemple parfait du titre bien produit qui manque d'âme, accompagné en plus d'un clip ridicule. Dans le même genre, mais en moins efficace, on pourrait citer Coffee, Trash et l'horrible Tu te fous de nous, plus agaçant et répétitif tu meurs. La demande est amusante, L'homme en noir aurait pu être vraiment bonne avec moins d'effet, et puis Yaourt et Lavabo n'a pas de refrain et c'est bien dommage. Elle commence si bien... Le seul vrai bijou de l'album, Heartbox, n'aura certainement pas le destin qu'il mérite, à l'image de Kiss The Bride sur le précédent album. Ce sont deux chansons qui paraissent tout droit sorties des années 80, on pourrait même croire que ce sont des reprises tant elles nous semblent familières. Elles bougent bien, le refrain est enivrant et, il faut bien le reconnaître, le texte en anglais colle beaucoup mieux à la voix de Christophe et au style de la musique. Il aurait fallu que tout l'album soit dans cet esprit, avec quelques balades plus inspirées, et c'eut été parfait !
Caféine ? Il aurait peut-être fallu que Christophe Willem en abuse un peu plus ! Ce deuxième album manque d'âme et d'émotion, malgré quelques tentatives, et ne met pas sa magnifique voix en valeur. Par contre, il est super bien produit et il ressemble, je crois, à ce que le chanteur voulait. C'est un peu comme un café dans lequel on aurait mis trop de sucre et de lait. L'essentiel du goût passe à la trappe !