Ségolène Royal et les "nouveaux socialistes"

Publié le 12 juillet 2009 par Exprimeo
Pour casser la spirale des défaites nationales, la leader socialiste est confrontée au besoin de redéfinir le sens même de l'engagement moderne du PS. Qu'est-ce qu'être socialiste aujourd'hui ? Avant hier le Parti Travailliste Britannique, hier le Parti Démocrate Américain sont sortis de l'opposition qu'après avoir effectué d'abord un travail sur eux-mêmes pour redéfinir le sens de l'engagement moderne dans ces partis. Ce travail ne peut exister sérieusement qu'en reconnaissant la société telle qu'elle est pour la faire évoluer. Aucune évolution n'est possible si elle est déconnectée d'une réalité économique, sociale, internationale. La logique initiale du libéralisme c'est une philosophie selon laquelle la liberté rend les hommes plus responsables d'eux-mêmes. L'actuelle mondialisation économique, qui est une indiscutable victoire du libéralisme, à l'opposé de cette logique initiale de liberté comme point de passage vers la responsabilité individuelle, dépossède les individus de leur propre sort. La crise ouvre un espace au sentiment que la liberté collective peut-être la liberté de quelques uns à démunir les autres de toute emprise réelle sur leur sort personnel comme sur celui de la société. Dans ce contexte, le PS retrouve une fenêtre de tir quasi-inespérée. Il ne parvient pas à la mobiliser parce qu'il ne définit pas le nouveau point d'équilibre entre une société de compétition qui exclut les plus faibles sans tomber dans une société égalitaire qui démobiliserait les talents comme les meilleures bonnes volontés. Pour la première fois peut-être à ce point s'installe un double sentiment derrière l'actuel débat du "déclassement social" : - demain sera moins bien qu'hier, - mais demain ne peut plus être comme aujourd'hui. Plus que jamais, le grand dossier des prochaines décennies sera le partage des richesses entre les territoires, les Nations, les groupes sociaux. Dans ce contexte, la puissance publique comme régulatrice retrouve une légitimité. Derrière ces généralités, le PS ne parvient pas à apporter sa valeur ajoutée en terme de contenu. Chacun perçoit bien que cette étape conditionne la compétitivité du PS pour les prochaines échéances nationales. Cette compétitivité n'est pas seulement un enjeu de méthodes de sélection. Elle est d'abord l'actualisation d'une réponse à une question majeure : pourquoi être socialiste aujourd'hui ? Les régionales seront-elles l'occasion de l'identification d'une valeur ajoutée locale qui donnerait envie d'un "nouveau national" ? C'est probablement la seule condition pour que le PS sorte renforcé de cette échéance car quantitativement il est presque déjà acquis que la majorité présidentielle gagnera plus de collectivités régionales qu'en 2004 car le contraire est impossible. En juin 2007, l'enjeu était devenu celui du "1er parti". Si en mars 2010, l'enjeu devenait le comparatif 2010 / 2004, le PS a déjà perdu d'avance la bataille de la communication post-résultats.