Je ne m’étais jamais vraiment intéressée aux tissus, du moins à leur histoire, par
méconnaissance tout simplement… Méconnaissance de la richesse ethnologique, historique, que peut comporter la découverte de lambeaux d’étoffes, dans des tombeaux par exemple. Ce préambule pour
expliquer pourquoi je n’avais pas encore visité le Musée des tissus de Lyon. Il a fallut que ma meilleure amie qui vit en Israël soit de passage quelques jours chez moi et me parle de son désir
de voir l’exposition « La couture Corps et Ame », pour que ma vision simpliste sur les tissus
en général et la couture en particulier bascule en quelques instants.
L’avouerai-je ? Je n’avais jusqu’alors pas entendu parler du couturier Franck Sorbier, cependant figure majeure de la Haute Couture contemporaine. Et c’est sans intention particulière autre
que de lui faire plaisir, que j’accompagnais cette amie. Elle en sourit encore d’ailleurs. Gardant en mémoire mes expressions d’émerveillement dès
mes premiers pas dans l’univers féérique créé comme un écrin autour des robes et des costumes de scène du couturier. Chaque salle de l’exposition est un monde en elle-même. Un monde sonore,
onirique, poétique mettant littéralement en scène des costumes et des robes, par thématique et par couleur. Les vitrines sont balayées par des lumières représentant la gamme chromatique la plus
subtile, entre ombre et lumière, entre soleil éclatant et lune intériorisée.
Les 170 pièces uniques, costumes de scène entre autres,
provenant pour nombre d’entre elles de collections privées, semblent prendre vie devant nos yeux. J’ai cru parfois discerner dans les plis et les drapés la silhouette élégante d’une belle se
rendant à un mystérieux rendez-vous, nimbée d’une aura de subtile chatoyance. Je suis allée à la rencontre des contes de notre enfance, croisant au détour d’une salle, Alice au Pays des merveilles, Peau d’Ane revêtue d’une robe couleur de temps… ou une inconnue sublimée par la magie d’un couturier aux ailes de vent.
Franck Sorbier, dont l’exposition a déjà eu les honneurs du Ministère de la Culture au printemps 2009, est un ardent défenseur de l’artisanat d’art
et de la transmission de ses savoir-faire, avec quatre autres figures engagées dans la sauvegarde de ce
patrimoine, également parrains de cœur de l’exposition, le maître brodeur François Lesage, le maitre bottier Raymond Massaro, Jean-Claude Renaud, pour ses boutons et Frédéric Champavère,
collectionneur d’art.
Je suis ressortie de cette exposition littéralement transportée d’enthousiasme, riche d’une nouvelle palette, un pas dans la connaissance d’un art à part entière.
Vous pouvez encore découvrir l’univers de Franck Sorbier jusqu’au 20 septembre 2009 au Musée des Tissus de Lyon 34 rue de la Charité 69002 Lyon www.musee-des-tissus.com