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La Bretagne creuse ses sillons sur une mer en jachère
Les filets labourent l'océan,
et
Les vagues sculptent le remembrement des eaux usées.
Un goéland fait le guet et aboie à la meute.
Une cornemuse de combat lui répond de la colline d'en face:
"Méfie toi! de la gueule de raz, beaucoup d'autres si sont laissés prendre."
Regarde et sens.
Ici,
la chair des Hommes a le goût du sel, du varech, d'horizon,
Ici le ciel n'a jamais dit son dernier mot
Et alors!
Rien ne sert de prévoir
D'autres,
beaucoup plus forts que toi décideront du jusant avant qu' elles ne reviennent les rousses chimères et n'engloutissent tout sur leur passage.
Ici on a peur de l'immensité qui réclame toujours son dû et transforme sa proie en ankou à charette jusqu'à ce qu'un autre lui ravisse sa place entre terre et mer confondues, et qu'il revienne enfin dormir au caveau de famille.
L'histoire est vallonnée, déchirée comme la côte d'un paysage ébouriffé mais paisible, car on est jamais à cours de contradiction, de volte-face et d'humeur vagabonde.
Personne n'y comprend rien
mais la question n'est pas là!
il s'agit d'accepter:
L'appel du large et les racines ancrées, profondes ,
la valeur des gestes et l'économie de mots,
une tradition granitique et des sciences d'avant-garde,
des musiques inconcevables pour une oreille distraite
et le vent infiltré partout ou il sait faire.
Ici, n'oublie jamais,
on est français par hasard, comme une façon d'être traité en bas d'un parchemin.
La république, dans sa dévastatrice, primitive et égoïste exubérance a cru peut-être que l'affaire était à jamais entendue
et qu'il suffisait d'écrire sur un panneau : "colonie de vacances"
pour être tranquille sur son bronze-cul.
Aux esprits naïfs bornés et réducteurs de tête
sachez qu'on a tout notre temps
mais...
qu'il est
dommage sans doutes pour vous
- déjà en avance-
puisqu'à l'heure ou vous colmatez les brèches de vos étroites frontières,
comme un gentil pied de nez à votre ridicule suffisance
Bretons d'Europe et du Monde
nous serons.