Valérie Dorion, mère courage

Publié le 01 octobre 2007 par Willy
Valérie Dorion. (Photo : Yves Ranger)



Il y a cinq ans, ce qui se veut un moment privilégié de bonheur, l’entrée à l’hôpital pour accoucher, est devenu souffrance pour Valérie Dorion, alors que sa petite fille, au bout d’une grossesse à terme, est décédée, quelques heures avant sa naissance. Valérie Dorion est un exemple touchant de résilience. «Elle nous a quittés avant même de voir le monde», de dire aujourd’hui la Terrebonnienne avec une grande sérénité. En plus de vivre avec cette terrible douleur, à la suite du décès périnatal de son enfant, Valérie Dorion se sentait très seule et a fait face à de l’incompréhension. «Mon entourage comprenait très mal ma peine et mon deuil. On essayait de me faire oublier. C’est moins pire que si elle était morte à trois ans, puisque tu ne la connais pas. Passe à autre chose», insistaient mes proches. «Le décès périnatal est encore très tabou. On dirait que les parents n’ont pas le droit de vivre leur deuil», constate-t-elle encore aujourd’hui. «Les gens ne se rendaient pas compte qu’à ma sortie de l’hôpital, il y avait des fleurs d’enterrement au lieu de ma petite fille sur le siège arrière de notre auto, que dans les semaines qui ont suivi, j’avais des montées de lait, que quand je suis retournée au dépanneur du coin, les gens qui ne savaient pas ce qui était arrivé me disaient : Tiens, tu as accouché, et puis? Comme toute femme enceinte, j’étais inscrite aux concours et je recevais des coupons rabais régulièrement pour des couches avec une lettre disant : Votre enfant est rendu à tant de mois et il change de grandeur de couche». Petits Anges Comment on fait pour vivre un deuil sans pouvoir s’appuyer sur de beaux souvenirs, sans avoir vu son sourire?, se questionnait-elle alors. Se trouvant sans aucune ressource, elle s'est tournée vers Internet et a trouvé l’organisme Nos petits Anges du paradis groups.msn.com), où elle a trouvé réconfort, écoute, conseils et une amie, Mélanie Théroux. Celle-ci lui a suggéré d’écrire un livre, ce qu’elle a fait. «Depuis le départ de ma fille, je cherchais un moyen d’aider mon prochain avant de mettre fin à mes jours. Je voulais que plus jamais personne ne vive le deuil de son enfant de la manière dont moi je le vivais», confie celle qui projetait de se suicider, précisément un an après la mort de son bébé. «Je voulais réunir mes proches pour faire une envolée de ballons pour souligner l’anniversaire de son décès. Mais aussi, et sans le dire, je voulais les revoir une dernière fois avant d’aller la rejoindre. Le matin même, je suis partie chercher des ballons et je suis revenue avec un test de grossesse me signifiant que j’étais enceinte. Mon livre était alors terminé. Je voulais que les autres lisent mon histoire et se sentent compris et non isolés dans leur souffrance. L'écriture a été une thérapie pour moi et j’ai dû me rendre à l’évidence, j’évoluais dans mon deuil et la vie continuait», avoue-t-elle. Fête internationale Sélectionnée à l’émission Donnez au suivant, Valérie Dorion a pu réaliser son vœu de faire imprimer son livre, auquel ont participé cinq mamans et un papa dans la même situation qu’elle. Les 1 000 copies de Nos petits anges au paradis se sont vendues en 24 heures et on a dû en réimprimer 1 000 autres. Elle a remis tout l’argent reçu pour ce livre au Centre de soutien au deuil périnatal. Aujourd’hui, la jeune maman d'une fillette de trois ans est très active comme administratrice de l'organisme. En plus d’aider les parents à continuer à vivre malgré la douleur, elle est l’initiatrice de la traditionnelle envolée de ballons en l’honneur des petits Anges, qui se déroule dans le cadre de la Fête internationale des Anges, créée à Montréal par ce Centre, il y a cinq ans, et qui s'est étendue à plusieurs coins du monde, dont l'Europe. La Terrebonnienne de 24 ans est l’organisatrice de la fête montréalaise qui se déroulera cette année le samedi 6 octobre, à l’Oratoire St-Joseph.

Valérie Dorion poursuit aussi son œuvre avec l’écriture d’un second livre dont le sujet est : Avoir un autre enfant après un décès périnatal. «On ne peut pas accepter un décès périnatal, mais on peut apprendre à vivre avec», laisse comme message celle qui a fait preuve de courage certes, mais qui a su, comme elle le dit, transformer le négatif en positif.