Vingt ans après, la grand-mère est morte, le grand-pères’est réfugié dans une maison de retraite et Julia , la mère, infirmière sans cesse en arrêt maladie, est malade de culpabilité, dépressive et alcoolique, lorsqu’un soir elle reçoit un coup de téléphone de son père l’informant qu’un inconnu vient de lui envoyer par la poste un des petits souliers de l’enfant disparu.
Dès ce moment elle retourne dans sonvillage retrouver son père et tous deux entament leur enquête qui les conduit sur la trace de Nils Kant, un homme violent qui a déjà tué son frère, deux allemands déserteurs, le garde-champêtre qui le soupçonnait et dès lors, il est obligé de s’exiler. Mais il meurtdans un pays lointain et son corps a été enterré dans le cimetière de son village où vit encore sa mère.
C’est Gerlof, le grand-père qui, calmement, s’improvise détective et Julia se convainc finalement que son fils est bien mort et qu’il ne réapparaîtra pas. Ce sera sa délivrance et elle retrouve la vitalité et la sobriété nécessaires pour reprendre son travail et un cours de vie normal. Mais ils ont bien du mal à découvrir ce qui s’est réellement passé et l’enquête ne fait que commencer. La suite est pleine de rebondissements dans une étrange atmosphère de secrets, de souvenirs, de passé mal digéré, d’oubli, de pardon. Ce n’est pas violent mais le besoin de savoir le fin mot de l’histoire devient vite oppressant. On a du mal à arrêter sa lecture. On voudrait tout lire d’une seule traite.
Ce roman très réussi est devenu le n°1 des ventes en Suède et un film se prépare déjà. C’est le premier roman de l’auteur qu’il a mis cinq ans à écrire, de 2001 à 2006. Dans une interview donnée au Parisien , ici, il déclare vouloir écrire quatre romans,un par saison, avec Gerlof, son vieux détective, qui ressemble à son propre grand-père, comme lui capitaine d’un cotre sur la Baltique. Lui-même a vécu à Oland où son père vit encore. Il déclare aussi que Julia, la mèredu petit garçon, c’est un peu lui car quand il a écrit cette histoire, il était en deuil, lui aussi. «Sauf qu’elle est en deuil depuis vingt ans, comme si elle était malade. Elle est bloquée sur cette tragédie. Elle s’en sert comme excuse pour ne plus sortir, ne plus vivre.»
Quant à la raison du succès mondial des polars suédois, il la fait remonter à l’assassinat de leur premier ministre Olof Palme, en 1986. «Un traumatisme énorme pour les Suédois. Avant cela les armes ne circulaient pas, le polar était inexistant. Henning Mankell est arrivé, en 1990. Il a commencé à montrer une Suède violente, à réviser l’image d’une nation innocente. D’autres ont suivi ses traces.»
J’ai beaucoup aimé ce roman.
L’heure trouble par Johan Theorin (Albin Michel, 2009, p.422, traduit du suédois par Rémi Cassaigne)