Un road trip poussiéreux…
Le jour de l’été français, nous arrivons dans les montagnes de Tafi del Vallee. Nous étions très impatients de sentir l’air frais des montagnes Andines, et bien que séduits par la jungle d’Iguazu, nous choisissons d’écourter notre séjour dans la région de Misiones pour filler vers Tafi.
Les trajets en Argentine ne se règlent pas en 3 heures de TGV. Le pays est immense et il faut bien que nous testions les bus si confortables. Un trajet de 24 h nous attend, et cela nous fait même plaisir. Confortablement installés nous voyons défiler les paysages, comme au cinéma. Un œil sur la fenêtre et un autre sur l’écran de télé qui diffuse les meilleurs navets hollywoodiens.
Arrivés à Tafi nous sommes rapidement absorbés par le silence et la fraicheur de la montagne. Entourés par de hauts sommets, le village de Tafi paresse ce dimanche matin. Nous aussi, ressentons le besoin de ralentir la cadence et c’est ainsi que nous nous posons quelques jours à l’estancia de Las Carreras, profitant du cadeau de la Nurun. Nous y trouvons donc le repos et l’air frais de la montagne où nous profitons de ce paysage, observant les nuages remontant de la vallée, les gauchos ramener les grands troupeaux de vaches pour la traite, parcourir les pentes de la propriété à cheval, se réchauffer près du feu de bois en bouquinant et en jouant de la guitare. Enfin prendre le temps de ne rien faire en particulier et se laisser gagner par l’atmosphère de ces calmes montagnes. Il règne ici une douceur de vivre et il fait bon se laisser porter.
Nous quittons ce cocon pour nous rendre à Amaïcha Del Vallee un village d’une autre vallée. Le bus grimpe en haut du col et nous embrassons du regard les premières montagnes andines que nous laissons derrière, avec la plaine nuageuse tout en bas, vers Tucuman. Il parait que dans cette région les paysages varient très vite et il suffit de faire 15 km pour que tout change. En effet sitôt le col passé, nous pénétrons dans un autre monde. Nous laissons une montagne verte avec des lacs et quelques arbres, pour trouver un désert de pierres et de cactus géants, un paysage dur qui ne nous laisse pas indifférents . En sortant du bus nous sommes frappés par la chaleur et la poussière, l’altitude est pourtant la même que Tafi. Un petit vent soulève le sable des rues et la fine poussière vient s’incruster partout. Nous avons bien la sensation d’être passés dans un autre monde. Les façades hispaniques du village de Tafi laissant place ici aux maisons rustiques en adobes rouge et passées à la chaux. Nous pénétrons dans le monde de la Pachamama. La Pachamama est la déesse terre; la mère nourricière vénérée par les Indiens. Elle exprime le sentiment profond d attachement à la terre, aussi bien matériel que spirituel. Dans ce tourbillon venteux et trouble nous trouvons notre hostel. En fait depuis quelques temps nous voyageons uniquement grâce aux recommandations des auberges précédentes. L’accueil à chaque étapes est incroyable et nous sommes souvent invités à la table des uns et des autres. Amaïcha ne déroge pas à cette règle, le propriétaire fête aujourd’hui ses 34 ans et tous ses amis sont là, guitares et charangos à la main, vin rouge et énorme marmite de locro, le plat traditionnel à base de maïs et de viande de Lamas. Nous sommes entrainés au milieu de la fête et tentons de mettre bout à bout les mots de notre espagnol rudimentaire.
Il est 14h et nous avons encore l’intention d’aller visiter les ruines de Quilmes. Nous avons bien tenté à plusieurs reprises de nous éclipser, mais l’accueil argentin légendaire ne nous l’autorise pas. Ceci dit nous ne sommes pas mécontents de notre sort et nous laissons entrainer dans ces agapes, après tout nous devons bien perfectionner notre espagnol! Rémi sort sa guitare et le folklore argentin se mélange au blues. Les danses et les jeux des enfants continuent de lever une poussière donnant une atmosphère fantomatique. Nous passons une après-midi suivie d’une soirée fort agréable et certainement plus amusante que les ruines. Ravis et fatigués nous levons le camp le lendemain. On est dimanche et c’est le jour des élections. Il règne une atmosphère festive, les barbecues sont de sortie sur la place du village et nous pouvons repartir avec notre sandwich au Chorizo! Rien à voir avec les ‘merguez du parc des Princes’.
Nous reprenons le bus. Nous longeons une plaine d’altitude peuplée de cactus, balayée par le vent et la poussière, pendant deux heures pour rejoindre Calfayate, célèbre pour sa Quebrada, et ses vignobles.
Notre journée à Calfayate est celle de tous les touristes. Découverte de la Quebrada. De bon matin l’omnibus nous amène 50 km au nord. Nos vélos sont dans la soute. Il nous abandonne au milieu d’un canyon aux falaises roses. Les strates qu’on peut lire sur la roche ce comptent en millions d’années d’érosion. Nous passons un moment merveilleux seuls au milieux de ces roches et des falaises. Les derniers kilomètres, le vent nous pousse il n’est même plus nécessaire de pédaler, nous voyons défiler les cactus solitaires, les petites dunes de sables tantôt blanc ou rouge. Les cheveux gris de poussières et fatigués par les 50 km nous allons nous réconforter en allant faire le tour de quelques caves à vin.
Etonnant, nous faisons la connaissance avec trois français qui comme il se doit font aussi le tour des caves à vin. Ces avec ces 3 joyeux compagnons que nous passerons la semaine suivante à voyager. Visiblement la crise ne fait pas que des malheureux, et beaucoup en profitent d’un repos forcé pour voyager.
Nous décidons de partir tous ensemble le lendemain matin en direction de Cachi. Il n’existe qu’un bus qui nous déposerait au milieu de rien 100 km avant Cachi, pleins d’optimisme nous sommes sûrs que une fois là bas nous trouverons une solution pour gagner Cachi. A la descente du bus nous entendons ‘Remis, Salta?’ On sursaute! Quoi nous sommes déjà célèbres ici??? Le mystère s’éclaircit, le Remis est un taxis collectif et Salta la ville 200 km au nord. Nous partons donc en Remis, avec Don Chocobar. Tous les cinq pris de fou rire, nous grimpons dans le coffre de son Pick-Up, ravis de pouvoir admirer le paysage sans avoir à souffrir de la fenêtre sale d’un bus. Emmitouflés dans nos vestes et bonnets, derrière des écharpes pour pouvoir échapper à la poussière, nous contemplons le paysage qui change beaucoup. On se faufile entre les canyons roses, puis les plaines de cactus, au loin se profilent les sommets enneigés du Cachi. Nous traversons des villages de deux maisons, des églises installées sur des terrains de foot, des marcheurs solitaires, des collines dorées, et au bout d’une journée dans la poussière des pistes, nous arrivons à Cachi les cheveux gris et emmêlés.
Nous contrastons d’ailleurs avec les façades blanches du petit village. Il y a un peu une ambiance du sud de la France, les petits café s’organisant autour de la place. Nous trouvons notre bonheur dans un Comedor -Restaurant-cantine- qui nous sert un merveilleux filet et pichet de la maison. Il est certain que la vie du voyageur en argentine est très agréable, surtout pour nous les français en manque de repères, vin fromage saucisson viande rouge, nous trouvons tout ici pour le bonheur de nos papilles. Ceci dit il faudrait que nous nous remettions en marche car on est un peu serré dans nos pantalons. Mais à Cachi nous ne faisons pas que trainer dans les restaurants, on part à pied la journée explorer les environs. On se laisserait bien tenter par l’ascension du sommet de Cachi, un petit 6000m mais le temps nous manque, et nous ne sommes pas assez acclimatés. Nous continuons notre route vers Salta. La chance est avec nous car c’est le seul jour où il y a deux bus dans la journée. Ainsi nous prenons celui du matin qui nous laisse dans la ‘vallée enchantée’ du parc des cardonnes (cactus) et reprendrons celui de 16 heures. Nous passons la journée a arpenter les sentiers à 3500 dans un décors féerique et surtout désertique. Le froid redouté et ne nous embête pas et nous profitons bien des rayons du soleil qui réchauffent.
(La suite demain…)