Au Nigeria, une épidémie de polio due à la vaccination
Par Destination
Santé
Encore un coup dur porté à la vaccination contre la poliomyélite en Afrique. Le nord du Nigeria est actuellement frappé par une nouvelle flambée épidémique. Cette dernière n’est pas due au poliovirus sauvage, mais… aux
campagnes de vaccination en cours pour « rattraper » d’urgence le
terrain perdu depuis quelques années. Face à cette situation qui n’est pas nouvelle, l’OMS se veut rassurante.
Le vaccin oral utilisé lors des campagnes d’immunisation est produit à partir d’un virus atténué, mais néanmoins susceptible de provoquer des flambées plus ou moins importantes. Bien connu des
spécialistes, le phénomène peut survenir dans des zones où le taux d’immunisation est particulièrement faible, comme c’est le cas dans le nord du Nigeria.
Des précédents existent. Neuf au total lors des 10 dernières années, qui ont entraîné 200 cas de poliomyélite. Au cours de la même période, plus de 33 000 enfants dans le monde ont été frappés
par le poliovirus sauvage. Et 6,5 millions de cas étaient prévenus grâce à la vaccination.
Autant de chiffres rappelés par Sona Bari, porte-parole pour l’éradication de la poliomyélite à l’OMS. Elle insiste donc sur l’importance de la vaccination. « Le risque du poliovirus
sauvage est tellement plus élevé pour nos enfants que le risque associé à la vaccination. Le vaccin peut provoquer une paralysie, mais le risque en est minime. La flambée (en cours au Nigeria)
est certes plus importante que ce que l’on aurait imaginé. Il y a 69 cas, il ne faut pas oublier qu’au même moment, le Nigeria est confronté à 2 000 cas de poliomyélite due au virus
sauvage ».
Le vaccin oral permet une immunisation indirecte
Sur place, le travail des équipes de Nations Unies (OMS, UNICEF…) s’annonce difficile alors que l’éradication semblait en bonne voie. L’objectif reste plus que jamais de rassurer des
populations déjà bien suspicieuses envers le vaccin oral antipolio (VPO), recommandé par l’OMS pour l’éradication de cette maladie.
Il existe bien un vaccin injectable qui d’après Sanofi-Pasteur, permet d’éviter les cas dus à la vaccination. Mais comme le rappelle Sona Bari, « la forme orale est bien l’indispensable
instrument des campagnes d’éradication ». Car le virus qu’il renferme -atténué mais bien vivant- se multiplie dans l’organisme des enfants avant d’être excrété dans les selles. Il
continue ensuite de vivre dans le milieu ambiant, infectant de la sorte l’entourage qui de ce fait, devient lui-même protégé. Voilà comment des enfants qui n’ont pas été directement vaccinés sont
spontanément « immunisés » par des souches vaccinales.
Source : OMS, Interview de Sona Bari, 28 septembre 2007, Sanofi Pasteur