Je pourrais aujourd’hui publier mes impressions sur “Êtes-vous mariée à un psychopathe ? », mais je remets à un peu plus tard. J’ai besoin de reprendre le fil de la conversation avec vous. Je viens de vivre un mois trop plein pour son nombre de jours et aujourd’hui, c’est le retour à la normale, et je le célèbre.
Je reprends mon rythme et reprendrai mon rythme de sorties de billets aussi. Ça veut dire beaucoup. Vivre à son rythme signifie qu’il y a un équilibre entre le donné et le recevoir, et le moindrement un contrôle exercé sur les sorties et les entrées.
J’opte donc pour un sujet près de moi : La correspondance avec Chloé Ste-Marie
Toute qu’une correspondance !
Je descends dans le temps avec vous pour vous l’exposer. Ma mère vient de mourir et je suis en état de choc sourd, sournois, puisque je ne réalise pas jusqu’à quel point. Je suis une réaction. Toutes les actions que j’entreprendrais suivant de près cette mort seront une chaîne de réactions (qui me mènera à Eastman d'ailleurs). Une de celle-ci est de prendre la poésie qui a accompagné les hauts et les bas de ma vie et de l’ouvrir en éventail. De ne plus la chuchoter dans le cœur de moi, qu’elle s’entende par ma voix. C’est mon fils, Karil, qui a rendu possible cet impératif. Il possédait un mini studio d’enregistrement, nous avons donc gravé la musique de mes mots. Où ? Dans la chambre d’invité du logement déserté de maman. L’endroit n’a même pas été planifié par nos bonnes têtes pensantes, le logement libre étant momentanément occupé par mon fils qui en avait justement besoin. Première correspondance, le lieu s’est imposé. La suivante m’amène à Chloé Ste-Marie, aidante naturelle, fée qui flamboie et chante le mot de nos poètes, lui donne un souffle. Je me suis mise en tête de lui offrir de mes mots, prenant la chance qu'elle s'enchante à un de mes poèmes, et qu'elle le chante. L’aidante naturelle que j’avais été pour ma mère se reconnaissait, se mirait, se soulageait en elle. Une autre correspondance.
Cette correspondance ne se rendra pas jusqu’à la rencontre puisque Chloé Ste-Marie ne recevra jamais mes textes, encore moins mon CD, ni même la lettre que je lui avais écrite. Pourquoi ? Cela reste assez nébuleux pour me laisser croire que la rencontre n’était pas mûre. Que j’avais surtout besoin d’une rencontre avec moi-même, à travers elle.
Six années se sont écoulées. Cet été, Chloé Ste-Marie ouvre la septième édition des Correspondances d'Eastman par un spectacle intimiste de lectures et de chansons dont certaines sont tirées d’un album à paraître en innu. Je vais la croiser, peut-être la rencontrer, je ne sais pas. Ce dont je suis certaine est que je vais lui adresser cette lettre écrite en 2004, jamais postée mais que j’ai heureusement conservée.
Je suis invitée à adresser une lettre, comme chacun de vous l’êtes à un ou plusieurs des 40 invités des Correspondances. Ils espèrent de vos nouvelles, ils sont ici grâce à vous ; auditeurs, admirateurs, lecteurs, vous êtes les artisans de leur popularité. Je ne crois pas qu’ils l’oublient, mais si jamais vous en doutez, qui n’aiment pas entendre celui qui reçoit son message ?
Qu’est-ce qu’un messager, le meilleur soit-il, sans celui qui écoute son message ?
Vous adressez vos lettres à :
Un des 40 invités
8, 5ième Rue,
Eastman Qc J0E 1P0