« Il est difficile au milieu du brouhaha de notre « civilisation » qui a le vide et le silence en horreur d’entendre la petite phrase qui, à elle seule, peut faire basculer une vie : « Où cours-tu ? ».
…Il est des fuites qui sauvent la vie : devant un serpent, un tigre, un meurtrier.
Il en est qui la coûtent : la fuite devant soi-même. Et la fuite de ce siècle devant lui-même est celle de chacun de nous.
Comment suspendre cette cavalcade forcée, sinon en commençant par nous, en considérant l’enclave de notre existence comme le microcosme du destin collectif ? Mieux encore : comme un point d’acupuncture qui, activé, contribuerait à guérir le corps entier ?
Je serais encore en cavale si, au milieu d’une crise profonde, la petite question n’avait atteint mon oreille : « Où cours-tu ? »…
…Ce que toutes les cosmogonies des grandes religions illustrent et que la physique quantique a mis en évidence, c’est qu’une partie de l’univers est (dans) celui qui l’observe…
…C’est notre participation muette à tout ce qui a lieu sur terre, notre coresponsabilité qu’il s’agit de reconnaître. Seul celui qui a osé voir que l’enfer est en lui y découvrira le ciel enfoui. C’est le travail sur l’ombre, la traversée de la nuit qui permettent la montée de l’aube.
Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ?…
…Nous sommes enfermés dans une prison et une voix nous dit : « sors ». Nous répondons : « Impossible, la porte est verrouillée », et la voix nous dit : « Oui, mais elle est verrouillée de l’intérieur, regarde et ouvre ! ». Ce sont nos représentations qui nous enferment. Nous vivons plus dans l’échafaudage de nos représentations que dans la réalité objective. Le Réel, lui, n’a ni porte ni fenêtre, il est l’infini de l’infini de l’infini des possibles…
…Ce que nous devons tenter, c’est d’activer en nous ce potentiel en jachère, d’ouvrir les yeux que nous avons sous nos yeux de chair, d’entrer ainsi dans notre véritable humanité de cocréateur. Non pas agrandir le savoir mais agrandir la foi dans la force de l’esprit, réveiller cette certitude en nous, cette évidence qui nous guide…
…J’appelle vie aujourd’hui cet étrange jeu d’équilibriste, cet acte qui consiste à tenir, comme deux coupes à l’extrémité d’une gaule, les contraires en équilibre, tout en restant debout sur le fil, mieux, en y dansant… ».
Extraits de « Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ? » de Christiane Singer
Pour voir la vidéo associée à cet article, rendez-vous sur le site de Terrafemina