- Bonjour CSP.
- Bonjour Thierry.
- CSP, tu es incontestablement le Pire Blogueur D'Extrême-Gauche, et personne n'est à la hauteur pour te disputer le titre, c'est un fait avéré.
- Tu m'étonnes, Elton.
- D'où t'es venue cette idée d'une auto-interview ?
- On n'est jamais si bien servi que par soi-même. Et comme personne ne me demande mon avis, je le donne. En plus, c'est mon blog et je fais ce que je veux. Na.
- Comme je te comprends. Mais parlons politique, d'accord ? Et d'abord la nouvelle du jour : cette possibilité d'alliance PG/NPA qui tourmente bien des gauchistes. Qu'as-tu à répondre aux dizaines de lecteurs quotidiens qui ne vivent que dans l'espoir de tes diarrhées qui sont à l'image de la merde qui caractérise leur vie de souffrance ?
- Ce qui me frappe, tout d'abord, c'est de sentir le nombre de personnes qui se réjouissent d'avance de me prendre en défaut là-dessus. Les pauvres. Je les imagine en train de se frotter les mains en jubilant "Hi hi hi, le voilà bien attrapé ce gros sectaire, et toc ! Comment va t-il pouvoir justifier son sectarisme à présent" et blablabla. Tss. J'ai un peu plus de ressource que ça, tout de même. C'est quoi, cette affaire ? Mélenchon se rend compte que le PC va le lâcher aux régionales pour se ruer dans les gros bras mous du P"S", alors il se tourne vers nous puisqu'il sait que tout seul, le PG n'est rien. Du coup, on pose nos conditions, et si, je dis bien si, ça se passe comme nous on le veut, alors ouais, on fera liste commune. C'est d'ailleurs comme ça que j'ai toujours vu la démocratie, moi : à nos conditions. Sinon : non. Ah ah.
- C'est lumineux. Pourtant, c'est pas comme ça que c'est présenté dans les médias qui sont bienveillants à l'égard du NPA.
- Tu veux parler du canard de gauche de Philippe Cohen ? Ben c'est normal : c'est un canard de gauche et ceux qui écrivent dedans sont des camarades. Et quand on lit l'article de Libé, on trouve quoi ? Ça :
"A condition, insiste le porte-parole du NPA, d’accorder leurs violons sur «des bases clairement indépendantes du PS» et de «conclure un accord national, pas à géométrie variable». Et, enfin, de mutualiser ses forces, pas de les fusionner. "
Ben ouais : on est toujours aussi cons.
- Moui, mais on va te dire que c'est de la politique politicienne et que faut faire l'unitéatoupri gnagnagna, non ?
- Ouais. Et ? Depuis quand on est des anges, steuplé ? 'Tain, c'est pas vrai ça, on fait de la politique là, on est pas en train de vivre au pays des bisounours où on va tous devenir une chouette bande de copains en faisant une ronde, chié à la fin. Putain, le niveau de conscience politique est en chute libre depuis des années et c'est pas beau à voir, grr.
- Justement, justement, à ce propos, on dit que CSP n'aime pas les gens, que répond tu à celà ?
- Nan, c'est pas comme ça que ça se pose. C'est pas que j'aime pas "les gens", si tant est que ça signifie quelque chose, "les gens" : en revanche, je déteste ce que la société socialiste fait d'eux, à savoir : des crétins incultes et collectivistes jusqu'au vertige, qui se consolent de leur vie de militants aliénés en croyant qu'ils ont des amis sur Facebook. La surpolitisation de masse, c'est-à-dire le surintérêt de la chose publique par ceux-là mêmes qui s'y impliquent le plus est le moyen par excellence que rien ne change. D'où l'encouragement des camarades au peuple à ce qu'il ne s'intéresse surtout pas à ce qui le regarde, pour qu'ils puissent rester entre eux. Ensuite, ça, c'est l'analyse rationnelle qu'on peut en tirer ; mais ça te crispe pas, toi, tous ces gens qui te disent que gnapolitik gnaminteressepa lol, à force ?
- Mais quand on est de gauche, on aime les gens, non ?
- Et t'as vu ça, où, pauvre noeud ? Et quand on est communiste, on veut le bonheur universel pour toute l'humanité, aussi ? Non mais je rêve, là ! Mais par les poils de cul de Lénine, c'est ça qui nous plombe depuis des années, ce truc ! "De gauche = gentil". Non. Non non non et NON ! Quand on est de gauche, on est pas gentil. On veut pas le bien de tout le monde. On veut pas faire des bisous et que tout le monde se tienne la main dans un grand élan fraternel de mon cul. Quand on est de gauche, on comprend qu'il y a d'un côté les fonctionnaires, et de l'autre les contribuables, et que jamais, jamais, il ne pourra y avoir de compromis entre ces deux camps. Ja. Mais. Et au moment où on parle, un camp écrase l'autre, cherche pas plus loin, c'est comme ça que ça se passe. Et la seule solution pour que ça dure, c'est faire en sorte que non seulement, ça continue, mais qu'en plus on mette en place les structures politiques et économiques pour que ça continue encore, la mainmise d'une poignée de fonctionnaires sur les contribuables. Et quand je pense qu'il y en a encore qui pensent que ça va se faire gentiment, je...bref. On domine. On a tous les pouvoirs. Qui peut penser qu'on l'abandonnera si on nous le demande poliment ? Et ouais, en effet, y a des chances qu'il faille les forcer à nous verser des impôts. Et ils voudront pas. Et il faudra insister. Et pour avoir les moyens d'insister, faudra garder le rapport de forces pour. Ceux qui pensent autrement sont des niais.
- Et que dis-tu à ceux qui pensent que cette vision serait par trop manichéenne et que les choses sont plus complexes ?
- Je les encule.
- Tout en finesse, donc.
- Hein ?
- Ben ouais, le tact, quoi...
- Le quoi ? Attend, c'est toi qui parles de...finesse ?
- Heu, ouais, quand même, bon, parce que...
- Et toi, tu es plein de tact et de finesse quand tu dis à, tu sais, cette jeune femme là, la semaine dernière, c'était quoi déjà ? "Ce n'est qu'une question de temps mais te fais pas d'illusions : un jour on fera du sexe ensemble" ? T'es le dernier puceau, toi, dis-moi.
- Putain, attend, c'est pas comme ça, y avait un contexte !
- Hun hun.
- En plus, mais je la connais depuis des années, et, bon, mais, en plus c'est ces trucs là où on se tourne autour sans se le dire mais tout le monde a connu ça mais pourquoi je me justifie, moi ?
- Gniark gniark.
- Tu me fais passer pour, pour, je sais pas quoi, là.
- Pour un type qui ne s'intéresse qu'à la politique et n'a pas de vie sexuelle ? C'est vrai que c'est complètement pas toi, ça...
- Ok...bon, je suppose que ce genre d'exercice d'auto-satisfaction narcissique consistant à faire semblant de t'auto-interviewer va encore déchaîner des torrents de conneries dans les commentaires de ton blog, et que tu le sais,non ? Ouais, tu le sais, la façon dont tu souris dis tout.
- Vu que dernièrement les comms ont pris une tournure parfois particulièrement violente, je tiens à assurer les post-staliniens dépressifs, les puceaux socialistes, les groupies de Besancenot, les mélenchonistes hystériques et autres gauchosphéristes à roulettes qui en sont les auteurs que eux aussi, je les encule. Et les assure de mon plus parfait mépris, aussi, il allait sans dire. Sinon, t'a pas maigri, toi ?
- Si, un peu. Et pour finir, CSP et la culture, toussa ?
- T'as raison, faudrait finir sur un supplément d'âme, ça ferait smart. Mais se cultiver, ça n'est pas important. Et je suis sérieux. Je refuse donc catégoriquement de faire étalage de mes rares lectures comme certains. Rien, absolument rien de plus vulgaire que ces gens, peu importe leur bord politique, qui n'en finissent pas d'étaler leur cuistrerie littéraire pour se faire passer pour des intellectuels. Qu'on aime les livres est une chose. Qu'on prenne prétexte de ce goût pour se faire mousser en public, virtuel ou réel, est proprement dégoûtant.
- Un bouquin à recommander pour l'été, tout de même ?
- Le Manifeste du Parti communiste, de Karl Marx et Friedrich Engels. Le seul truc que j'ai lu dans ma vie de merde, les délires, fictifs et terriblement idéologiques, de deux barbus au XIXe siècle préparant l'épidémie globale de communistes qui a dévasté l'humanité. Un grand livre, vraiment.
- Eh bien merci CSP, bon, chais pas, on fait quoi, là ?
- On va voir Home ? Ça déchire, y paraît.
- Avec Yann Arthus-Bertrand en mini-short ? tu m'étonnes qu'on y va.
L'original