Mon idole est un produit ménager comme les autres

J'avais 12 ans.
J'avais enregistré "Epaule Tatoo" 10 fois sur une K7 pour l'écouter en boucle dans mon Walkman sans avoir à faire "rewind" toutes les 3 minutes (en écrivant K7 et Walkman, je prends 10 ans dans les dents).
Je l'ai vu en concert et j'ai pu toucher le bas de son pantalon.
Sa mèche dans l'oeil, sa voix de ténor aphone et son déhanché me mettaient en transe.

Au fil des années, la passion pour mon idole, Etienne Daho s'est un peu émoussée (remplacée par l'attrait puissamment érotico-cosmique de Jean-Louis Murat et finalement détrônée par la sexytude effrontée de mon André Manoukian).

Et là, le choc.
Je tombe sur le site qui annonce la sortie de son prochain album, en novembre.
Je trouve les images très belles, la chanson est un tube en puissance. Mais quelque chose me dérange.
Etienne Daho est devenu un produit marketé comme une lessive. D'abord, il y a le texte qui nous explique ce qu'il faut comprendre de la chanson. J'ai pas besoin du mode d'emploi, hein ? On nous prend pour des neuneus. On nous parle du "Nouveau Daho", un peu comme quand on écrit "nouvelle recette" pour nous vendre un yaourt. Puis, on nous demande de nous inscrire à la newsletter pour être prévenu de la sortie du single, puis de l'album. On nous prend pour des neuneus bis. Evidemment, on nous donne l'adresse de la page myspace. Imaginez un peu ! Sortir un album sans avoir sa page myspace !!! Impensable.

Peut être est ce que je commence à être aigrie, mais là, je suis gênée par ce buzz.
Ou alors, c'est juste parce qu'on touche à un cheveu  de l'idole de mon adolescence (la mèche est quand même moins rebelle, maintenant).
Ou alors c'est juste parce que je suis vieille.
Oui, ça doit être ça.