Contes de l'ordi sacré : La mobylette maudite 15

Publié le 11 juillet 2009 par Porky

EPISODE 15 : Où Son Excellence le Caribou Maudit apparaît enfin et où l'entrevue avec Gudule ne tourne pas franchement à l'avantage de la Sorcière...

Pendant que la Marsupilania's band se livrait à des mondanités, dans la salle aux colonnes rouges et aux tentures noires, Gudule et le Séide psalmodiaient toujours. En vain. L'Excellence ne se décidait pas à venir. La Sorcière adorée du Servile Séide commençait à perdre patience. « Il gonfle, ce gros con ! grommela-t-elle. J'ai pas que ça à faire ! Mon Maître doit s'impatienter ! Tu as l'heure, Séide ? » L'interpellé hocha douloureusement la tête. « Hélas, ma Gudule bien-aimée, le cochon m'a tiré ma montre avant de s'en aller. Je ne m'en suis pas rendu compte. » « Imbécile ! » gronda Gudule et elle lui allongea une baffe qui le fit s'aplatir devant le trépied. « Oh, regarde ! s'écria-t-il. La lampe a bougé ! » « C'est ça ! rétorqua Gudule, méprisante. Tu as des visions, à présent ? » « Je t'assure ! pleurnicha le Séide. Elle luit d'une étrange façon... Le pourpre commence à devenir bleu... » Gudule jeta son œil noir, noir, noir si noir sur la lampe. « C'est pourtant vrai qu'elle devient bleue, murmura-t-elle, les sourcils froncés. Qu'est-ce que cela veut dire ? » « Je ne sais pas, murmura le Séide, blanc de peur. Mais psalmodions, psalmodions ! » « J'en ai marre de psalmodier pour des prunes ! » jeta Gudule.

Elle s'approcha du trépied et manifesta l'intention de poser la main sur la lampe. Mais à peine l'avait-elle effleurée que cette dernière lui envoya une décharge de trois cent mille volts qui lui mit les cheveux en tire-bouchons et lui grilla le visage. Il y eut une détonation et lorsque le Servile Séide osa enfin redresser la tête, il découvrit, assis sur le trône, un caribou couronné d'une extraordinaire forêt de bois et enroulé dans une cape écarlate.

« Cesse de faire tout ce cirque pour une petite décharge ! » tonna le Caribou Magique en s'adressant à Gudule qui se roulait par terre. Sa voix résonnait dans la pièce comme un funeste roulement de tambour. « Tu n'es qu'une grognasse débile et stupide, une mocheté nullissime et prétentieuse ! Tu n'as pas droit au titre de sorcière et ton séide est un crétin ! Quant à ton Maître, le pire abruti parmi mes apprentis ferait mieux que lui ! Qu'as-tu à dire pour ta défense, connasse ? » « Mon maître n'est pas un abruti... » commença Gudule et la lampe la crama de nouveau pour lui apprendre à mentir. « Aïe, pitié ! s'écria-t-elle. Si vous continuez à me brûler, je vais être hideuse. » « Tu l'es déjà, tas de boue fumant ! rétorqua le Caribou Maudit. Néanmoins, je vais te  redonner un peu de peau saine pour te permettre de présenter ta requête. Car j'imagine que c'est mon imbécile de cousin qui t'a envoyée ici ? Réponds, excrément larvaire ! » « Oui », souffla Gudule dont le visage et le corps étaient redevenus à peu près normaux. « Il est tellement courageux qu'il n'a pas osé venir lui-même, continua Son Excellence, éminemment ironique. Mais il connaît assez bien les règles pour t'avoir donné ce piteux représentant de l'espèce mâle comme accompagnateur. Alors, ça vient, cette requête ? »

« Voilà, dit Gudule. Mon maître est dans une impasse totale. Il est poursuivi par la Marsupilania's band qui a à sa tête ce pourri de caribou magique... » et elle reçut une nouvelle décharge qui la plaqua au plafond pendant quelques secondes. Puis elle s'écrasa sur le sol. « Ne parle pas de mon cousin en ces termes ! tonna à nouveau le Caribou Maudit. Seuls les membres de notre famille ont le droit de s'insulter entre eux. Pour les étrangers de ton acabit, c'est Son Excellence Le Caribou Magique, as-tu compris, sorcière putréfiée ? » « J'ai compris, admit Gudule, brisée de partout. Son Excellence a donc décidé d'exterminer Son Excellence, c'est pourquoi Son Excellence m'a priée de venir voir Son Excellence afin que Son Excellence aide Son Excellence à vaincre Son Excellence qui est aussi l'ennemi de Son Excellence. Je ne sais pas si j'ai été très claire », acheva-t-elle, confuse.

« Mais si, exceptionnellement, tu l'as été, s'énonça le Caribou Maudit. J'imagine que Son Excellence t'a donné un message pour moi ? » « Oui, dit Gudule. Et si Son Excellence voulait bien recoller mes os fracassés par ma chute, je lui tendrais ledit message avec plaisir. » Le Caribou Maudit agita vaguement une patte. Gudule se redressa et fut aussitôt rejetée à plat ventre. « Rampe, idiote ! gronda le Caribou Maudit. On se prosterne toujours devant les GPM ! Le nez sur le dallage, te dis-je ! Et je ne veux point voir ta vilaine figure pendant que tu rampes vers mon trône ! Sinon, je vous expédie, toi et ton Séide, au centre de la terre ! » Ledit Séide poussa un gémissement d'épouvante et s'évanouit.

« Tiens, tiens ! dit le Caribou Maudit après avoir lu la prose de son cousin. Ce mongolien notoire me fait des excuses pour son incompétence ! Et pour la tienne aussi, soit dit en passant, Gudule la Nulle ! Il désire que j'extermine la Marsupilania's band et que je punisse Notre cousin le Caribou Magique de son outrecuidance. » Il replia le papier, pensif. « Ce sont deux vœux que je puis effectivement exaucer sans problème. L'ennui, c'est que je n'en ai pas envie... »

(Pourquoi le Caribou Maudit ne veut-il pas accéder au désir de son cousin ? Aurait-il un autre plan en tête ? Gudule va-t-elle rater -une fois de plus- sa mission ? Nos amis ne vont-ils pas se précipiter tête baissée dans un piège ?... Suite bientôt.)