Le mardi 30 juin, je vous avais annoncé, ami lecteur, la publication, tous les samedis de juillet et août,
d'extraits de textes de l'égyptologue belge Jean Capart, que j'aurai préalablement programmés avant mes vacances.
La semaine dernière, vous aviez pris connaissance des "raisons" qui avaient amené le jeune adolescent à s'intéresser à l'égyptologie. Aujourd'hui, je vous propose
d'évoquer le point de départ de sa relation d'un événement qui, sans conteste, marqua dans ce domaine le début du XXème siècle : la découverte du tombeau de Toutankhamon.
A la fin de l'année 1922, les élèves de mon cours
d'archéologie égyptienne aux Musées royaux d'Art et d'Histoire se montraient naturellement curieux d'avoir quelques précisions sur ce qui se passait dans la Vallée des Rois. Ce que les journaux
nous rapportaient était en général mieux fait pour éveiller la curiosité que pour la satisfaire. Une de mes auditrices, la Comtesse d'Ursel, me pria d'exposer dans son salon, devant un groupe
d'amis, la signification du nouveau trésor d'Egypte. Cette causerie eut lieu les premiers jours de janvier 1923, et le directeur de la revue belge "Le Flambeau" réussit à
en faire paraître le texte avant la fin du mois.
J'appris plus tard que Sa Majesté la Reine Elisabeth, ayant lu cet article, manifesta immédiatement le désir de participer à l'émotion directe de cette découverte
sans égale.
Dès lors, il m'arriva quelque chose d'analogue à l'aventure de Cendrillon qui aurait tant voulu assister au bal du roi, où ses soeurs privilégiées avaient été conviées.
J'avais, sans m'en douter, trouver la fée-marraine qui devait me faire passer de Belgique en Egypte en quelques jours et qui me permettait de remettre le pied sur le quai de la gare de Louqsor au
beau matin du 16 février 1923, descendant du train même du Roi Fouad; ce qui valait bien le carrosse fait d'une citrouille.
(Capart : 1946)