Magazine Science & vie

Elever des tigres pour leur sauver la peau

Publié le 10 juillet 2009 par Maaxtal

Genève | L’organisation affiliée à l’ONU chargée de la protection des espèces sauvages en danger est réunie à Genève. Certains proposent une nouvelle approche.
 

L’élevage de tigres pour vendre légalement leurs fourrures, leurs os et leurs organes très recherchés pourrait être la solution pour enrayer la diminution inexorable des populations sauvages.

"Le commerce d’organes du tigre et de sa fourrure est interdit dans le monde entier depuis la fin des années 1990, mais certains experts se demandent si c’est la bonne approche", a indiqué Juan Vasquez, porte-parole de la CITES, l’organisation affiliée à l’ONU chargée de la protection des espèces en danger.

"Etant donné que les tigres peuvent être élevés facilement en captivité, ils avancent qu’on pourrait mettre sur pied des +fermes+ de tigres pour satisfaire une demande qui reste quasiment inchangée", a-t-il expliqué lors d’une rencontre en marge d’une réunion de la CITES à Genève.

Selon l’organisation, il y a eu en Asie jusqu’à 100 000 tigres, mais il n’en resterait aujourd’hui qu’environ 400.

Les grands félins ne sont pas seulement menacés par l’urbanisation qui les prive de leur habitat naturel, mais également par le braconnage pour leur fourrure et pour certains organes très prisés par la médecine chinoise traditionnelle.

Pour Hank Jenkins, qui a été président d’un comité de la CITES, il faut répondre à la demande pour que cesse la chute du nombre d’animaux sauvages. "Vous ne pouvez pas résoudre le problème de la demande par la prohibition", a-t-il assuré à l’AFP. Des restrictions sont imposées au commerce de produits issus du tigre depuis les années 1970 sans avoir eu d’effet sur le déclin des populations et sur le trafic, a-t-il relevé.

Le spécialiste cite comme exemple les élevages de crocodiles qui ont permis de sauver des espèces recherchées pour leur peau.

Pour M. Jenkins, l’autorisation d’élever des tigres devrait également bénéficier aux habitants des zones d’Indonésie et d’Inde où les félins rugissent toujours dans la jungle et qui les considèrent aujourd’hui comme une menace. "Toute stratégie de protection devrait s’intéresser à l’habitat naturel, aux proies, au conflit homme-tigre, et à la demande", insiste-t-il.

L’expert reconnaît cependant que son idée de "fermes de tigres" se heurte à de fortes résistances. "Ce qui me préoccupe c’est que nous allons continuer à discuter encore et encore, tandis que les tigres seront de moins en moins nombreux à vivre en liberté", déplore-t-il.

D’importantes organisations de protection comme le World Wildlife Fund (WWF) se rangent parmi les opposants pour qui des élevages de tigres ne feraient qu’augmenter la demande et le braconnage des félins dans la jungle.

"Si vous élevez des tigres, vous allez stimuler le marché", prédit Susan Liebermann, directeur de programme du WWF.

Pour ceux qui utilisent des organes de tigres pour la médecine traditionnelle, les animaux sauvages sont considérés comme plus efficaces que ceux en captivité, en conséquence des élevages ne feront pas baisser la demande pour les braconniers, estime-t-elle.

"C’est très cher d’élever des tigres en captivité, c’est plus facile de les abattre dans la jungle", commente Mme Liebermann.

La Banque Mondiale a apporté son soutien au WWF en recommandant la plus extrême prudence en raison du faible nombre d’animaux sauvages.

"Nous ne sommes pas sûrs que l’élevage de tigres serait efficace, et si ce n’est pas le cas, les risques sont trop élevés et pourraient causer des dégâts irréversibles", fait valoir Keshav Varma, qui dirige l’Initiative de la Banque Mondiale pour les tigres.

"Après avoir soigneusement pesé les arguments économiques", il a appelé "la CITES à maintenir l’interdiction sur les produits issus du tigre, et tous les pays à continuer d’interdire le commerce des tigres sauvages".

"Mais pouvons-nous nous offrir le luxe de ne pas essayer ?", rétorque M. Jenkins.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Maaxtal 294 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine