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"Du sang l'encre est-elle polissoir
est-elle en même temps végétale et plaintive mémoire.
En quel printemps se dressent les hommes roux de notre race.
Débourberons-nous le feu enlèverons-nous aux flammes leur bourbe et quelles plaintes, quelles blessures de haine lapent les langues du ressac.
Tiendrons-nous aux mois d'été ce que nous promettions aux grands labours de mars Renoncerais-je à mon tour aux ribotes de la plaine.
Serait-ce le feu de la mémoire errante des falaises d'autrefois.
Serait-ce le feu de la mémoire d'un soleil d'étain et de tourbe vacillante d'un cratère où s'effilochent les courbes soufre et sang de la mémoire.
Serait-ce le feu, un ancien mouvement dans l'immobilité de la pierre.
L'avenir effrite mille générations dans la paume des hommes pour rebâtir et la mort ne la vit-on qu'une fois avant l'automne faudra-t-il en finir et regarder de loin les poètes par pleins prieurés embarquer sur la coque d'une comète.
.../...Lent si lent déroulement des houles amoncellement des rives.
La capitale enflure des affluents et le glissement d'eau vers les embouchures
dévaler le versant forestier de l'Atlantique
et pénétrer par l'horizontale des fleuves
berges molles comme lèvres d'ivrogne
dans le moutonnement des arrière-pays.
Ruissellement pointillé de phares débordement de la pierre enfoncement en nous des âges tertiaires: jamais je ne tiendrai jamais les grands travaux de mars que je me promettais.
C'est bien le feu de la mémoire errante des falaise d'autrefois.
C'est bien le feu des anciens mouvementsdans l'immobilité de la pierreet nous ne survivrons à aucune naissanceà peu de janviers sibériquesnous ne traverserons dans son entierjamais un hiver sidéral
pas un feu,
pas un froid ne gerce le cuir et l'huile de la mémoireet ni les femmes, ni les bourgeois n'en réchapperont
mais nous bâillons aux filles pour nous battre pour elles
et nous pansons nos victoiresaux galaxies de l'hydromel
car de nous, car d'elles pas un n'échappera.
Les balises allument leurs poulpes électriques au changement de houlemais aucune voixpar les fifres et les corsne jette aux océansl'adresse de mes morts.
Par le froid nous nous reconnaîtrons
Par le feunous deviendrons braves
et sur des paroisses aux routes secrètesfermées à tout clergé
fermées à tous ancêtresnous nous retrouveronspour de pesantes obsèques
dans l'immobilité de la pierre
c'est bien le feuun ancien mouvement des falaises d'autrefois
c'est bien le feu, l'errante mémoire."
-extraits de: "serait-ce le feu de la mémoire"- gérard le gouic- poèmes de mon vivant- L.G. éditeur