Magazine Environnement
J’ai retrouvé ce petit manifeste de Grand'Maison : Questions interdites sur le Québec contemporain.* Je l’avais lu en 2003, mais la relecture en 2007 de ce livre me questionne beaucoup - compte tenu de l’actualité québécoise des dernières années.
Je vous partage les questions laissées-pour-compte que Grand’Maison avait formulées et s'en suit quelques extraits de son argumentation. Vous allez faire le lien assez rapidement avec les débats entourant les accommodements raisonnables et la situation politique.
Qu’est-ce qui se passe vraiment chez les Québécois francophones dits de souche, dans le pays réel d’aujourd’hui?
On ne comprend plus ce qui se passe, on se sent impuissant. D’où vient donc cette confusion mentale et sociale?
Quelle sorte de citoyens sommes-nous? D’abord receveurs de services ou d’abord acteurs-constructeurs de la cité?
Le sentiment de perdre des acquis est-il dominant chez le plus grand nombre de citoyens? Et pour qui voteront ceux qui sont en état de survie?
Est-ce sensé de vouloir passer tout de go du tout public au tout privé?
______ Tour à tour nous sommes passés du tout religieux au tout politique, puis au tout culturel, et récemment, au tout économique.
On ne peut faire du neuf durable si on efface les traces des chemins parcourus.
L’indécision politique des Québécois, l’alternance maniaco-dépressive entre la déprime sur eux-mêmes et leur exaltation du genre : nous sommes la société post-moderne la plus avancée de la planète ne sont que la pointe de l’iceberg de ce traumatisme souterrain.
Un univers médiatique de plus en plus narcissique et son jeu de miroirs entre les vedettes qui le monopolisent. Et ces sondages à répétition qui tiennent lieu de politique en s’appuyant sur l’opinion du moment, formulée en quelques secondes.
On ne peut reconnaître la profondeur, la complexité de nos problèmes et défis contemporains puis s’en remettre à des recettes et à des sondages d’opinion.
On est en train de faire dire n’importe quoi à la charte des droits, juges en tête et parlements «suiveux».
Une population qui se sent impuissante est beaucoup plus susceptible de se laisser leurrer, de décrocher de la politique, ou de croire à des solutions magiques hors du réel.
Quand on ne sait plus avoir de distance sur soi, ni se situer dans le temps, on renvoie forcément la responsabilité sur les autres, sur le système, sur le gouvernement, sur tout le monde.
Enfin, il est grand temps que l’on s’attaque à tous ces sondages politiques aux saveurs du moment! Selon moi, la table rase effectuée depuis les dernières décennies a contribué à la perte de l’identité québécoise (multiples réformes, par exemple). L'enfouissement, au plus profond de nos êtres, de nos origines religieuses, politiques et historiques joue également un rôle dans notre quête identitaire. Aussi, le lien intergénérationnel trop souvent coupé complexifie notre recherche. Ce n'est pas de revenir en arrière comme dans «le bon vieux temps» - et jouer les conservateurs religieux. Au contraire, il faut mieux saisir «objectivement» le chemin parcouru comme société et individu (le pour et le contre) afin de proclamer l'identité québécoise dans le Québec moderne. Finalement, ne laissons pas aux politiciens et aux massmedias la chance de nous définir...
Et vous, qu’est-ce que vous pensez de ces interrogations? J’attends vos réflexions!
*Le livre est téléchargable gratuitement sur le web.