Lombok, Indonésie
Si je vous dis 2000 mètres de dénivellation sur un parcours en forêt fait en escalier par les racines d'arbres, à quoi pensez-vous?
Moi je n'ai que trois mots à dire, superbe et acide lactique.
Mais commençons par le début, une grande rue touristique àSenggigi sur l'île de Lombok. Nous y sommes venus spécialement pour faire l'ascension du célèbre volcan Rinjani, le deuxième plus haut du pays.
Le colosse est en éruption depuis quelques mois, nous avons de la chance, comme dirait Will, ou de la malchance dirait certains parents?
En tout cas, nous sommes contents.Dormir sur un volcan en éruption est une chose qui ne se rate pas !À moins que cela nous coûte un bras, ou deux.
Et effectivement, la généreuse somme 150 US$ imposée par toutes les agences nous semble un peu exagérée, surtout que pour 30 heures de randonnée.
Le projet semblait être voué à l'abandon quand sortit de nulle part, l'homme en chemise à la Che Guevara revient nous faire une offre qui cadre dans nos prix.
Tout semble en règle, on nous répète à mainte reprise que tout est inclus et qu'ils peuvent abaisser le prix ainsi, car nous compléterons un groupe.On nous fournit même des chaussures de randonnée, les nôtres étant restées à Buenos Aires vu l'odeur de mort qu'elles dégageaient.
Cinq heures du matin sonnent. Pas de stress, nous sommes déjà réveillés depuis une demi-heure par le chant de la mosquée qui résonne dans toute la ville. Pas de répit pour les fervents d'Allah.
La trace d'oreiller dans la face, nous prenons la route vers Senaru, lieu de départ de ce qui allait devenir, non sans peine, notre dessein.
- Bienvenu au Rinjani trek center... Ah, c'est vous qui n'avez pas payé assez cher.
J'ai connu plus accueillant comme bonjour. Nous laissons passer la remarque.
Une pancake et un thé et c'est parti!
- Il n'y avait pas des espadrilles d'incluses dans le contrat?
À voir la face du gars, non.Tout comme l'entrée au parc, non plus?
Je lui désigne alors mes gougounes et il nous rapporte les chaussures appartenant probablement à sa belle-sœur et à son cousin! Ça fera l'affaire, ça ne peut pas être pire que des bottes de pluie.Et celles de Will ont de beaux trous soit pour l'aération ou soit pour laisser entrer les cailloux?Ou des trous de vitesse, pour les fans des Simpson.
Nous complétons l'ascension en plus ou moins sept heures incluant les pauses bien appréciées, surtout l'avant-dernière où plusieurs singes nous y attendaient. Ayant une allure plutôt calme, je tente de socialiser avec l'un d'eux en lui faisant un « hi five ».
Ne jamais oublier qu'un animal est un animal et de toujours éviter les mouvements brusques. La preuve, ayant oublié ces mesures de base vu mon enthousiasme, celui-ci répondit à mon geste non pas par la forme habituelle, mais par une position d'attaque et un grand cri. J'ai eu une petite frousse.
Puis vers la fin, au même moment où mes cuisses brûlent et que d'autres sacrent dans leurs têtes, nous traversons une forêt de nuages. C'est génial, car en plus de nous apporter une fraîcheur, l'atmosphère se fait enveloppante créant une ambiance un peu surnaturelle.
Et finalement, nous arrivons au sommet qui n'est pas vraiment le sommet. Une chance pour nous, vu l'éruption, il est interdit de se rendre à la cime du volcan. Nous devons nous arrêter ici, à 2600 mètres plutôt qu'à 3700, pour admirer le lac au fond de la formation conique. Cette réalité ne m'attriste pas vraiment vous dirai-je bien franchement!
Surtout qu'au milieu du Segara Arak (lac), se trouve le Gunung Baru, celui qui attire toute l'attention en ce moment par ses jaillissements de lave depuis le mois de mai.
Autour de nous, les porteurs des dizaines autres touristes ont dressé des tentes pour la nuit. Nous faisons la connaissance de deux personnes fort intéressantes qui réalisent partiellement le rêve de nos hommes.
En fait, ils sont une photographe et un caméraman qui vendent leur art à la prestigieuse société National Geographic que Will et Tony suivent religieusement depuis des années!
De notre tente, une fois la nuit tombée, en mangeant notre riz frit aux légumes, nous observons tous les quatre le magma s'écouler du cratère devant nous. Avec les étoiles au-dessus de nos têtes, le moment est magique.
Certains se demandent peut-être comment sonne un volcan en éruption?Imaginez le grognement d'un jet qui passe au-dessus de votre tête, de façon permanente.Bonne nuit.
À l'aube le lendemain, nous redécouvrons ce même site sous des couleurs orangées avant de reprendre la route vers notre point de départ.
Pour moi commence l'enfer avec mes genoux de vieille fille de 103 ans pendant que les autres gambadent vers la sortie, heureux de ne plus avoir à monter. Il n'y en aura pas de facile.
Si vous nous demandez si nous avons aimé notre expérience, je vous dirais que ce sera probablement un des points forts du voyage.
Cependant, le tour incluait aussi six gars autour de notre automobile à des fins d'intimidation et une petite engueulade à l'Indonésienne à la toute fin.
On en a marre! Une dernière plongée, et on se pousse.
-Nad à la drôle de démarche depuis 3 jours!