La dernière blague belge : Leterme est de retour au gouvernement

Publié le 10 juillet 2009 par François Collette

 

L’Etat Belgïe-Belgique est compliqué, bizarre, atypique et surréaliste. Tout le monde sait ça et particulièrement à l’étranger. Ce que l’on sait moins en dehors de cet Ubuland, c’est qu’il est aussi et surtout rongé par une particratie sans limite devenue au fil du temps le moteur tout puissant de la vie politique. Il faut bien dire que le terrain s’y prête dans un pays voué à l’appétit des partis « traditionnels » (socialos, cathos et libéraux) et où le Chef fantoche de l’Etat - le Roi - n’a pas de pouvoir. 

Un nouvel exemple, à la fois croquignolesque et affligeant, agite le marigot flamando-belge (je n’ose plus dire belgo-belge) : il se dit avec insistance que le triste Yves Leterme, l’homme qui a tout raté, sera dans les jours qui viennent de retour au gouvernement fédéral en tant que ministre … des Affaires étrangères. Imposé par son parti. Si vous ne suivez pas, relisez mes billets sur ce triste personnage dans Saga Belgica.

Le flamingant loser (quatre échecs personnels au sommet du pouvoir dont deux démissions), l’homme « aux 800.000 voix flamandes » qui a terni l’image de la Belgique à l’étranger, reviendrait donc avec une fonction majeure en terme de visibilité et d’image du pays dans le monde. Riez, c’est du belge ! Et tout ça par la simple volonté de la présidente de son parti (CD&V, chrétien-démocrate flamand). Je rappelle qu’en Ubuland, ce sont les présidents de parti qui choisissent les ministres, et pas toujours en phase avec leur fonction. 

L’affaire ne fait tout de même pas rire toutes les éminences mais la discrétion et la langue de bois sont de mise. Le Premier ministre Van Rompuy, pourtant CD&V comme Leterme, n’apprécierait pas d’avoir dans les pattes son « ennemi » intime qui ferait tache au sein de son gouvernement. Les francophones, une fois de plus cocus, sont réticents mais abandonnent l’idée de contester – du moins en public - car pour eux « il y a plus important » (lisez : ne pas braquer la Flandre pour une broutille, ce qui porrait être dommageable pour la Wallonie).

Le retour de Leterme est certain, mais où et à la place de qui ? Les négociations risquent d’être longues. Un personnage a toutefois un avantage sur les autres : Didier Reynders, à la fois président du MR et ministre des Finances. Il pourra en effet défendre personnellement son bifteck sur lequel lorgnent certains Flamands.

A suivre.

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